« Ils » ont dit…
Florilège des déclarations récentes de plusieurs responsables politiques, industriels et scientifiques en réaction à la menace de Black Out électrique, en Suisse et aussi en Europe, et aussi à la menace de hausse des prix de l’énergie
« ils » ont dit, depuis Fukushima, qu’il faut remplacer le nucléaire parce que trop dangereux et parce qu’il existe une solution de remplacement: les énergies renouvelables.
De nombreux spécialistes du terrain (professionnels et scientifiques) on fait l’analyse que cela n’était pas réalisable. En gros, même si on produisait autant de kWh chaque année que le nucléaire avec des sources renouvelables, l’intermittence exigerait que les pointes de production soient stockées et redistribuées dans les périodes de creux. Cela supposerait des moyens de stockage irréalisables dans l’immédiat : avec du pompage turbinage, il faudrait 10 bassins comme Grande-Dixence, avec des batteries Tesla, la production mondiale de Lithium ne suffirait pas pour la seule petite Suisse.
« Ils » n’ont jamais répondu par une contre analyse vérifiable à ces arguments.
Devant la menace sérieuse qui se confirme d’un Black Out électrique, il semble qu' »ils » prennent peur. Dit trivialement, « ils » ont la trouille…
Dans un premier temps « ils » réagissent en réaffirmant leur foi dans les renouvelables. « Ils » disent : il faut intensifier et accélérer le développement des renouvelables, surtout du solaire, si l’éolien rencontre trop d’opposition.
Mais la menace de Black Out s’amplifie.
Alors ils disent : il faut faire du gaz…
Cette dernière affirmation est un aveu terrible. De fait « Ils » avouent donc enfin que les renouvelables ne peuvent pas fournir ce qu’ils ont prétendu.
Au-delà de l’aveu, la solution gaz pourrait se comprendre s’il remplace du charbon pour la production d’électricité (Allemagne, Serbie, Chine…). Dans ces pays on réduirait les émissions de CO2 liées à la production d’électricité. Mais en Suisse, le gaz serait un non-sens complet : notre production d’électricité étant déjà décarbonée, on boosterait les émissions de CO2 dans le secteur électrique.
Reste une solution : le nucléaire. Mais là l’impasse reste totale, « ils » continuent à prétendre que la sécurité du nucléaire (réacteurs et déchets) est insuffisante. De fait « ils » se font les complices d’une vaste désinformation sur les performances réelles du nucléaire en termes de sécurité des réacteurs et de gestion des déchets. Retour à la case départ : faire peur avec Fukushima au lieu d’informer.
Cette désinformation sur le nucléaire est bien réelle. Quelques exemples :
— Fukushima : des rapports scientifiques sérieux indiquent que la radioactivité libérée suite au tsunami n’a pas fait de victimes, et ne devrait pas en faire dans le futur, voir une synthèse sur http://www.geopolitique-electricite.fr/documents/ene-172.pdf .
— Fukushima et la sortie du nucléaire proposée par Mme D. Leuthard avec la Stratégie Énergétique 2050 : la Commission énergie du CE avait proposé en 2011 peu après les évènements, de ne pas ouvrir de débat et de ne pas prendre de décision avant de disposer des résultats des études en cours sur ce qui s’est réellement passé et surtout sur la question essentielle de savoir si Fukushima pouvait révéler des faiblesses éventuelles de sécurité de nos réacteurs qui n’auraient pas encore été identifiées. Les commissionnaires avaient notamment déclaré : « …c’est le temps de la technique, pas encore le temps de la politique ». Le rapport en chantier de l’IFSN (Inspectorat Fédéral de la Sécurité Nucléaire) est sorti en juillet 2012 : https://www.ensi.ch/fr/documents/telecharger-le-rapport-de-lifsn-sur-fukushima-iii-enseignements-ensi-an-7997/ .
Une des principales conclusions : non seulement Fukushima n’a pas révélé des faiblesses de nos réacteurs, mais ceux-ci, comme la plupart des réacteurs occidentaux, avaient réalisés des rééquipements de sécurité, en retour d’expérience de l’accident de TMI (1979, Three miles Island, Harrisburg, USA). Les japonais ne l’avaient pas fait pour leurs réacteurs. Ces rééquipements auraient pu réduire fortement, voire éviter les relâchements de radioactivité à Fukushima. Mais Mme Leuthard décidait au printemps 2011, plus d’un an avant la publication du rapport de l’IFSN, de lancer la SE2050. Elle punissait les Suisses pour les erreurs du Japon. Ni Mme Leuthard, ni les médias n’ont parlé de cela.
— les déchets nucléaires : le slogan qui revient régulièrement dans nos médias, en particulier la RTS est : « Il n’y a pas de solutions pour les déchets nucléaires ». C’est de la diabolisation, pas de l’analyse. Si au moins le reproche était que la solution a des défauts, ce serait déjà admettre qu’il en existe une, et un débat pourrait avoir lieu. Les professionnels qui gèrent les déchets radioactifs seraient d’ailleurs très intéressés d’analyser ces défauts. Leur angoisse est toujours d’avoir oublié des risques ou ignoré des faiblesses. Plus sur: https://clubenergie2051.ch/2015/02/13/dechets-nucleaires-est-il-vrai-quil-ny-a-pas-de-solution/
Force est de constater que sur tous ces points importants, on ne trouve pratiquement jamais, depuis que le débat nucléaire est ouvert, des interviews de spécialistes compétents de ces questions. Les experts n’ont ni voix, ni visage. Comment l’opinion publique pourrait-elle avoir confiance ?
Mais qui sont ces « ils » ou « elles » ?
Sans être exhaustif, on peut citer pour la Suisse quatre personnages emblématiques qui ont contribué, récemment, à ces diverses affirmations trompeuses :
Mme Simonetta Sommaruga, CF
M. Christian Petit, CEO de Romande Energie
M. Jacques Mauron, CEO du Groupe e
M. Stéphane Genoud, Dr et Prof. en management de l’énergie à la HES-SO Vs
Article publié sur lesobservateurs.ch: https://lesobservateurs.ch/2021/10/29/black-out-electrique-1de2-ils-ont-dit-ou-les-declarations-peu-coherentes-de-quelques-responsables/
À suivre: « Black Out électrique (2de2) / Le refus de l’accord cadre UE-CH n’est pas la cause.
JFD / 29-10-2021
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