Une mise au point bien venue, publiée le 19 août 2015 par M. Michel Gay dans Contrepoints.
L’efficacité énergétique, c’est-à-dire produire davantage de lumière, de chaleur et de travail mécanique avec le moins d’énergie possible est un excellent principe qui s’oppose au gaspillage.
Cependant, l’affirmation « la meilleure énergie est celle qui n’a pas été produite ou consommée » se trompe d’objectif, ce n’est pas l’énergie qu’il faut réduire, ce sont ses nuisances. Ce slogan simpliste distille de manière insidieuse une idée négative : l’énergie serait intrinsèquement mauvaise, et celle qui ne serait pas produite ou consommée constituerait un bienfait. Énergie et nuisances sont probablement volontairement confondues dans cette phrase révélatrice de l’état d’esprit « décliniste » et « anti-productiviste » qui sous-tend aujourd’hui le projet de loi sur la transition énergétique. La réduction de la consommation d’énergie est devenue un objectif prioritaire, quasi sacré, de la politique du gouvernement qui veut imposer une économie fondée principalement sur une idéologie faussement « écologiste » de sobriété forcée, de rationnements et de restrictions.
Mais ce concept se trompe de cible : la chaleur, la lumière, le travail mécanique (machines, voitures, etc…) sont utiles et rendent la vie plus facile et plus agréable à la plupart des hommes. Il est ainsi possible d’étudier plus longtemps, et de se consacrer à autre chose qu’à assurer la nourriture du jour. Serions-nous lassés de la civilisation ?
La volonté de protéger notre environnement a malheureusement cédé la place à une culpabilisation injustifiée et à une moralisation abusive. Pour se rendre compte de l’absurdité du slogan précité, on pourrait prétendre par analogie que : « le meilleur livre est celui qui n’a pas été écrit ou lu », ou « la meilleure symphonie est celle qui n’a pas été composée ou écoutée »…
Dit autrement, l’énergie est-elle vraiment assimilable à une maladie ou à une nuisance ?
La meilleure définition de la bonne énergie serait : « Celle qui rend le meilleur service (chaleur, lumière, travail mécanique,…) au moindre coût et au moindre impact sur l’environnement ».
Notre civilisation a besoin d’une énergie abondante, disponible et bon marché, qui est aujourd’hui composée à 80 % d’énergies fossiles dans le monde. Le pétrole, le gaz et le charbon pourraient être partiellement remplacés par de l’électricité d’origine nucléaire et, marginalement, renouvelables (notamment par l’hydraulique). En France, par exemple, la production d’électricité ne nécessite que 10% d’énergies fossiles. En effet, 90% de notre électricité est produite sans émissions de gaz carbonique (CO2), grâce essentiellement au nucléaire (75%) et à l’hydraulique (10%).
L’énergie nucléaire pourra fournir pendant des millénaires, avec la surgénération à base d’uranium et de thorium, une part importante des besoins en énergie pour le bien de l’Humanité. Ses atouts sont indéniables car elle :
- ne contribue pas à l’effet de serre ni à la pollution atmosphérique : pas de rejets de CO2, ni de méthane, pas d’émission de particules ;
- améliore notre indépendance énergétique : l’approvisionnement en uranium est diversifié dans le monde, et la France possède plus de cinq ans de stock d’uranium sur son sol pour les réacteurs actuels, contre 4 à 6 mois pour le pétrole et le gaz ;
- est durable : la quatrième génération en préparation permettra de disposer de plusieurs milliers d’années de ressources uranium et thorium ;
- diminue notre déficit commercial : l’achat de moins d’un milliard d’euros d’uranium à l’étranger pour produire 75% de notre d’électricité permet d’éviter l’achat de 20 milliards d’euros de gaz.
L’énergie non consommée n’est donc pas la meilleure. La meilleure énergie est une énergie disponible, abondante et pour longtemps, qui améliore le sort de l’Humanité au moindre coût social et environnemental. Dans cet esprit, l’électricité d’origine nucléaire présente donc de nombreux avantages, et elle possède un potentiel considérable pour se substituer, au moins partiellement, aux énergies fossiles.