La question que s’est posée Le Temps dans son édition du 20 février de savoir si la « Stratégie énergétique 2050 » (SE2050) élaborée par l’ancien Parlement va être adoptée ou modifiée, voire rejetée par le nouveau, mérite attention.
La SE2050 pèche par contradictions, négligence de principes physique de base et fausses hypothèses :
- Une contradiction : le cœur de la question étant la sortie du nucléaire (option que le Peuple souverain n’a pas encore avalisée), la SE2050, d’un côté, prévoit l’interdiction d’autorisation pour de nouvelles centrales et, d’un autre, précise qu’il n’y a aucun interdit de technologie.
- Un principe physique de base négligé : l’énergie électrique n’est pas un agent énergétique comme les autres ; on peut la comparer à un lac immense mais d’une épaisseur infime : toute consommation doit être couverte très exactement et au même instant par une production. La moindre défection de celle-ci entraîne un assèchement immédiat. La SE2050 est pleine de chiffres prometteurs en milliards de kWh que telle ou telle technologie devrait avoir produits à la fin d’une année. Mais ce dont on a besoin c’est d’une puissance garantie à tout instant. Notre consommation est basée sur un ruban continu et incompressible d’une puissance fournie de 5 GW, assurée par 2 GW de centrales hydrauliques au fil de l’eau et 3 GW de centrales nucléaires. La perspective attendue des augmentations d’efficacité et de rendement va certes contribuer à abaisser ce ruban, mais pas de 3 GW ! Il sera toujours là. Il faut le garantir par une production issue de sources continues tout autres que les technologies intermittentes promises.
- Une hypothèse fausse : de fait, la demande en électricité ne va pas diminuer, cela à cause de l’usage accru de pompes à chaleur et de véhicules électriques. La démonstration n’est pas compliquée.
Bref, la SE2050 erre ; il est temps de remettre l’ouvrage sur le métier.
Christophe de Reyff