«Nous avons besoin de produire plus d’électricité propre en Suisse … Nous dépensons chaque année des milliards de francs pour acheter du pétrole et du gaz chers à l’étranger».
Ces deux citations, reprises de son interview dans «24 Heures» du dimanche 15 décembre 2019, montrent que Mme Sommaruga, notre Ministre de l’énergie, jette le discrédit sur la production actuelle d’électricité en Suisse, en mêlant tacitement la consommation d’agents fossiles et la production d’électricité du Pays, 67 TWh (milliards de kWh) en 2018, qui, rappelons-le, est faite en Suisse à environ 55% par l’hydraulique (37 TWh), 36% par le nucléaire (24 TWh), 3% par le photovoltaïque (PV) (2 TWh), et 3% à partir des ordures et des STEP (2 TWh), soit 98% sans consommation d’agents fossiles.
La recette proposée pour faire mieux se limite à ceci :«Grâce à l’énergie solaire, la Suisse pourrait produire plus de deux fois ce que produisent les quatre centrales nucléaires réunies».
Voyons cela d’un peu plus près ! Produire annuellement 48 TWh avec du PV représente-rait d’avoir installé en Suisse un parc de 50 GWc (milliards de watts-crête), ou aussi 280 km², soit 35 m² par habitant, pour un coût de l’ordre de 100 milliards de francs, soit 12’500 francs par habitant ; et cela sans compter les coûts des nécessaires installations de back-up et de stockage quotidien jour/nuit et surtout saisonnier été/hiver qui doubleraient facilement la mise.
Élément aussi oublié par notre Ministre : la durée de vie de 20 à 25 ans d’une installation PV qui implique que tout ce qui a été installé à ce jour et qui le sera d’ici à 2025 n’existera plus en 2050 ; tout sera à refaire une 2e fois après 2025 pour disposer d’une nouvelle génération en 2050 et ainsi de suite une 3e fois pour atteindre 2075 et une 4e fois pour atteindre 2100, etc. À cela s’ajoute le fait que fabriquer des modules PV (principalement en Chine désormais) coûte de l’«énergie grise» et du «CO2 gris» de l’ordre de 37 à 72 grammes par kWh durant la vie du module, soit chaque année entre 1,8 et 3,5 millions de tonnes de CO2 dues à ces 48 TWh/an de PV !
En comparaison, installer un nouveau parc de centrales nucléaires, disons précisément quatre EPR aux emplacements de nos quatre centrales nucléaires actuelles, produirait ces mêmes 48 TWh/an, pour une puissance nécessaire de seulement 6,6 GWe (milliards de watts électriques) et avec un coût de 40 à 50 milliards, mais pour une durée de vie de 60 ans au moins. Ne pas oublier non plus que le «CO2 gris» du nucléaire ne représente que 15 grammes par kWh, soit seulement 720 mille tonnes par an.
Notre Ministre n’a malheureusement rien dit de tout cela. «Compte tenu de la situation climatique mondiale et des dernières élections, il est clair que la politique énergétique et climatique a la priorité», dit-elle, sans en tirer la conclusion qui s’impose à l’évidence.
excellent article vraiment!