Je retiens cette citation importante du communiqué de l’ATS (remarquons qu’il ne cite pas l’OFEN, mais l’OFEV !) :
Enfin, ces déficits annuels et saisonniers d’électricité sont maintenant reconnus et ce sont eux qui seront à combler :
– sur l’année : 24 TWh de nucléaire à remplacer + 13 TWh pour l’électromobilité + 13 TWh de PAC (pompes à chaleur) = 50 TWh,
– en hiver : 13 TWh de nucléaire à remplacer + 6 TWh pour l’électromobilité + 11 TWh de PAC = 30 TWh,
– en été : 11 TWh de nucléaire à remplacer + 7 TWh pour l’électromobilité + 2 TWh de PAC = 20 TWh.
Quelle sera la demande électrique totale du Pays en 2050 avec les ~4,5 millions de VEL (véhicules électriques) et les plus d’un million de PAC en plus ? Probablement autour de 88 TWh, voire 90 TWh, puisqu’on en est déjà à 62,5 TWh en 2021.
Sans gaz, sans pétrole, sans charbon, sans nucléaire (–24 TWh) pour produire de l’électricité, l’hydraulique actuel couvre 39,5 TWh (2021) à 40,6 TWh (2019 et 2020), donc le manque est bien de 47,4 à 50,5 TWh.
Selon les « Perspectives énergétiques 2050+ » avec +5 TWh d’hydraulique prévus, +4,3 TWh d’éolien (*) prévus, +2 TWh de géothermie prévus, +2,2 TWh de biogaz prévus, qui s’ajoutent aux 39,5 à 40,6 TWh d’hydraulique actuels, cela ferait 53 à 54 TWh.
(*) L’énergie éolienne prévue par les « Perspectives_énergétiques 2050+ » serait, modestement, de 4,3 TWh en 2050 (ce chiffre correspond exactement aux pertes actuelles du réseau électrique, soit 7% de la consommation brute !). Avec un facteur de charge moyen favorable de 20%, on calcule vite qu’il faudrait 2,45 GWp de puissance éolienne installée, soit 491 grandes machines de 5 MWp. En 28 ans, cela signifie devoir inaugurer une nouvelle éolienne toutes les 3 semaines. Qu’on se le dise !
Pour le PV (photovoltaïque), il faudrait donc encore 37 TWh produits par des modules PV pour combler la lacune, donc une puissance installée de 42 GWp (soit plus de 200 km²) de PV à installer d’ici là, ou plus de 20’500 m², ou 4,1 MWp, soit aussi 410 installations domestiques de 10 kWp ou 50 m² à inaugurer par jour, non stop ; ce qu’on n’aura pas pu réaliser. En effet, il a fallu 30 ans pour en installer 3,6 GWp (et avec subventions !). C’est bien là que la non-faisabilité de la Stratégie énergétique 2050 est démontrée. Avec un coût spécifique de 1,50 à 2,50 CHF (toujours hypothétique !) le Wp installé en PV, la facture serait de 59 à 105 milliards, seulement pour le PV, sans prendre en compte les coûts des nécessaires systèmes de stockage quotidien et saisonnier à installer, soit quasiment encore une fois autant.
En regard, 3 nouveaux réacteurs nucléaires EPR produiraient au moins 36 TWh par an (*) à longueur de jour, de nuit et d’année, et coûteraient autour de 30, peut-être 36 milliards de francs tout au plus, et seraient productifs durant au moins 60 ans.
(*) Cerise sur le gâteau, pour ceux qui s’inquièteraient de la quantité de combustible nucléaire nécessaire et donc de résidus nucléaires issus du combustible usé à devoir gérer, (par exemple, par le stockage en profondeur, tel que prévu, dans l’argile à Opalinus du Plateau suisse), cela représenterait un maximum de 108 tonnes par an (soit 3 milligrammes par kWh), soit, en 60 ans, en tout 6’500 tonnes, soit un volume brut de 590 m³, c’est-à-dire un joli cube tout à fait gérable de 8,4 m de côté, soit aussi seulement un petit 0,6 dL, ou 650 grammes de résidus (ou une bouteille de 1,5 L après dilution à 4% dans une matrice de verre) par personne, je dis bien, cumulés après 60 ans de production (soit plus de 2’160 TWh !) et cela calculé pour une population moyenne future de 10 millions de personnes en Suisse.
Christophe de Reyff