La centrale solaire photovoltaïque (PV) de 0,560 MW au Mont-Soleil – soit 4’575 m² de PV actifs sur un terrain de 20’000 m², inaugurée en 1992, avec une production de 0,550 GWh par an, soit un facteur de charge moyen de 11,21% – devant l’une des 16 éoliennes Vestas du parc Juvent de 37,2 MW au Mont-Crosin – actif dès 1996, avec une production de 70 GWh par an, soit un facteur de charge moyen de 21,48% ; les 8 premières machines avec de plus petites puissances ont toutes déjà été remplacées et complétées entre 2010 et 2016 par 12 machines de 2 MW et 4 de 3,3 MW. (*)
Rappelons le casse-tête que va poser la mise en œuvre pratique de cette loi, car il faut regarder les chiffres bien en face. Durant la campagne, la plupart des intervenants, politiques ou autres, en faveur de cette loi n’ont parlé que d’énergie (donnée en térawattheures, TWh, ou milliards de kWh), mais pas de la puissance (donnée en gigawatts, GW, ou milliards de watts) à installer concrètement pour ce faire, ni du patient chemin à parcourir tout au long des jours, semaines, mois et années d’ici à 2050.
Envisageons simplement le but visé (art. 2, ch. 1) des 45 TWh qui seraient à produire dès 2050 par des sources renouvelables, soit en majeure partie par de l’éolien et surtout du photovoltaïque. Prenons un partage de 5 TWh pour l’éolien et de 40 TWh pour le solaire.
- Pour l’éolien, la puissance installée devrait être de 2,85 GW, soit l’équivalent de 712 grosses futures machines de 4 MW. Il y a actuellement 0,1 GW installés en Suisse, soit 47 machines d’une taille moyenne de 2,2 MWp. Il faudrait donc encore installer une puissance de 2,75 GW d’ici à 2050, soit l’équivalent de 688 grandes éoliennes de 4 MW. Comme 25 ans nous séparent du but, cela ferait 110 MW, soit 27 à 28 machines à installer par an, soit une nouvelle machine à mettre en fonction chaque quinzaine de jours. De plus, comme la durée de vie d’une éolienne ne dépasse pas les 25 ans, il faudra sans cesse continuer de nouvelles installations (ou des remplacements) à ce rythme minimal pour garder cette puissance éolienne de 2,85 GW prévue.
- Pour le photovoltaïque, le chiffre attendu de 40 TWh correspond à une puissance installée d’au moins 41,5 GW, ou aussi 207,5 km² de modules PV. On a actuellement 6,2 GW installés – ce qui, rappelons-le, a nécessité 35 ans de développement depuis le début des années 1990. Durant les seulement 25 ans d’ici à 2050, ce seraient encore 35,3 GW, soit aussi 176,5 km² à installer. Cela ferait bien 1,4 GW ou 7 km² à installer chaque année, soit aussi 5,4 MW ou 27’000 m² chaque jour ouvrable. En prenant une surface de toit d’une maison particulière de 50 m² avec 10 kW de PV, cela correspondrait à 540 toits à installer chaque jour ouvrable…
Comme on le voit, il y loin de la coupe au lèvres.
Christophe de Reyff
(*) pour permettre la comparaison avec les unités (GW et TWh) des buts visés en 2050, les 0,560 MW font aussi 0,00056 GW, les 0,550 GWh font 0,00055 TWh, les 37,2 MW font 0,0372 GW et les 70 GWh font 0,07 TWh.
