Voulant dénoncer l’étude paysagère sur les éoliennes de la Fondation suisse pour le paysage, Mme Isabelle Chevalley (conseillère nationale du parti vert-libéral, présidente de Suisse Éole), dans Le Temps du 3 septembre, écrit que, « en fait, elle veut faire peur aux citoyens ». La conclusion de sa dénonciation reprend le refrain connu, mais infondé, sur les déchets nucléaires soi-disant « ingérables ». N’est-ce pas aussi vouloir à son tour faire peur ? Précisons que le Conseil fédéral a rendu son verdict sur le sujet, il y a des années déjà : nos déchets nucléaires sont gérables dans le Pays et la preuve pour la solution de leur gestion a été apportée. Ce n’est pas comme si ces déchets allaient également « entourer » les citoyens !
Un petit rappel : les résidus des 4’000 tonnes (ou 400 m³) de combustibles qu’auront consommés au total nos cinq réacteurs en quelque 50 ans (soit 500 g ou 50 cm³ par citoyen), seront dilués à 5% et conditionnés dans des matrices vitrifiées donnant un volume final de 8’000 m³ (soit une bouteille de 1 L par citoyen !). Cela représente l’équivalent d’un cube de 20 m de côté qui sera enfoui à plusieurs centaines de mètres sous terre, sans impacts environnementaux, ni … visuels. Sur la demi-douzaine de sites favorables, il reste à faire un choix final.
L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) vient de montrer que l’avenir mondial de l’électricité en 2050 passe par une nécessaire combinaison de tous les agents disponibles. Son scénario le plus exigeant en sources renouvelables (scénario avec +2 °C de réchauffement admis) donne 19% d’hydraulique, 18,1% de fossiles, 18,1% d’éolien, 16,9% de nucléaire, 16,6% de solaire, 8,4% de biomasses et 2,8% de géothermie, soit près de 46% de nouveaux renouvelables. Cessons de jouer en Suisse une technologie contre une autre en éveillant des peurs ! L’avenir est ouvert aussi en Suisse pour l’éolien, le solaire, la biomasse et la géothermie, mais, soyons réalistes, à côté de l’hydraulique et du nucléaire, indispensables pour assurer le courant de base qui correspond à une demande soutenue minimale de 3 GW toute l’année, jour et nuit, été comme hiver !