L’analyse de Pierre Veya dans Le Temps du 29 août des données de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et de Bloomberg New Energy Finance (BNEF) pour 2030 égare le lecteur. Y sont présentées des capacités de production en gigawatts (GW, milliards de watts installés), sans préciser les productions effectives d’électricité en térawattheures (TWh, milliards de kWh). On ne peut pas comparer les capacités de productions des diverses filières, sinon en précisant les durées, très disparates, durant lesquelles ces productions sont effectives.

Prenons l’exemple du graphique de BNEF commenté: en 2012, la part du nucléaire est de 6,7% dans une capacité cumulée de 5’579 GW, ce qui correspond aux 373 GW des 437 réacteurs actifs à fin 2012, mais aussi, il eût fallu le préciser, à une production de 2’474 TWh en 2012. En 2030, il est prévu 5% de capacité nucléaire sur 10’569 GW, soit 528 GW, avec une production probable de 3’500 TWh. La capacité du solaire passera de 1,8% en 2012 à 18% en 2030, soit de 101 GW à 1’900 GW, dont la production passerait des 94 TWh effectifs en 2012 à probablement 1’800 TWh. Pour l’éolien, avec une capacité de production de 5,1% du total en 2012, soit 285 GW, avec une production effective de 522 TWh, on aura en 2030 une part de 12%, soit 1’270 GW, avec une production probable de 2’300 TWh.
Selon l’AIE, en 2030, la production d’électricité devrait être de 32,7 ou 35,3 ou 36,4 milliers de TWh (selon les trois scénarios avec +2 °C ou +4 °C ou +6 °C de réchauffement admis en 2050). Pour le scénario médian, vraisemblable, 12’000 TWh (34%) seront dus au charbon, 7’900 TWh (22%) au gaz, 600 TWh (2%) au pétrole, donc 20’500 TWh (58%) seront dus aux seuls fossiles qui resteront encore majoritaires; 3’850 TWh (11%) seront dus au nucléaire et 10’800 TWh (31%) aux sources renouvelables: hydraulique (5’400 TWh, 15%), éolien (2’800 TWh, 8%), solaire (1’300 TWh, 5%) et biomasses (1’400 TWh, 4%).