Vous avez bien dit : « pompage-turbinage » ?

 
Le chantier de la future centrale de pompage-turbinage de Nant de Drance. (Keystone)
 Le chantier de la future centrale de pompage-turbinage de Nant de Drance. (Keystone)
 
La salle des machines de 194 mètres de long et de 52 mètres de haut, l’équivalent du Palais fédéral. (Keystone)
 La salle des machines de 194 mètres de long et de 52 mètres de haut, l’équivalent du Palais fédéral. (Keystone)
 
Il y a presqu’un an, un bref article était publié ici-même sur les capacités du pompage-turbinage en Suisse. Il vaut la peine de le republier maintenant dans le contexte du débat actuel au Conseil national. Car lorsque plus de 24 TWh d’origine nucléaire viendront à manquer le jour où nos 5 réacteurs seront arrêtés, les sources renouvelables aléatoires que sont le solaire et l’élolien devront voir un excès de leur production estivale être stocké pour pouvoir en disposer en hiver (stockage saisonnier). Il s’agirait donc de « pomper » pas moins de 18 TWh excessifs en été pour en « turbiner » et retrouver 14 TWh nécessaires en hiver, en n’oubliant pas que le rendement de chacune des deux opérations atteint au mieux 88%, ce qui correspond à un rendement global de 78% au grand maximum.
 
 

Le Nant de Drance : quelques chiffres-clés : un coût de 1,9 GCHF (milliard de francs), une puissance de 0,9 GW (gigawatt, ou milliard de watts), une capacité de pompage de 3,2 TWh/an, d’où une capacité de turbinage de 2,5 TWh/an (térawattheures par an, ou milliards de kWh par an) dès 2018 (répartis en pointe et en ruban, selon les bons conseils de Madame Doris Leuthard).  Son taux de disponibilé dans le temps est de 32%, soit de quelque 2’800 heures pleines. Il faut noter que cela ne représente pas même de quoi remplacer la production nette de Mühleberg (3 TWh/an) dès son arrêt en 2019 !

Sur les 4 autres projets prévus, seuls deux se poursuivent à ce jour pour un devis de 2,43 GCHF et avec une puissance de 1,24 GW ; les deux autres pour 3,16 GCHF et 1,63 GW sont gelés…

Si tous les quatre projets pouvaient un jour se réaliser à côté de celui du Nant de Drance, il en coûterait au minimum un total de 7,5 GCHF pour une puissance installée totale de 3,8 GW, avec probablement une capacité de stockage par pompage de quelque 13,5 TWh, pour une production par turbinage de près de 10,5 TWh/an, répartis en pointe et en ruban.

Pour comparaison, un seul nouveau réacteur nucléaire du type EPR de série, coûtant entre 6 et 8 G€ (soit 7,5 à 10 GCHF), produira 12,25 TWh/an en ruban… avec une puissance de « seulement » 1,65 GW, car il peut « tourner » avec un taux de disponilité de 85% dans la durée, soit, au bas mot, plus de 7’400 heures pleines.

Car c’est du ruban qu’il nous faut ! Actuellement, nos 5 GW de ruban sont couverts par au moins 2 GW d’hydraulique au fil de l’eau (moyennement modulables selon la saison et les débits) et par 3 GW de nucléaire, été comme hiver, jour et nuit, avec ou sans soleil, avec ou sans vent, 24 heures sur 24…

La question « subsidiaire » reste encore et toujours celle-ci : où faudra-t-il investir le plus judicieusement ?

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