À deux reprises (dans Le Temps des 9 et 10 mars), Bernard Wuthrich écrit « que l’on devra forcément tourner le dos au nucléaire un jour » et qu’« on ne reviendra pas en arrière sur ce point ». Cette certitude n’est de loin pas encore partagée par le Peuple suisse qui aura, en tant que souverain, à se prononcer lorsque les modifications légales prévues par la Stratégie énergétique 2050 devront lui être soumises.
Car cette stratégie fait fausse route : au lieu de viser d’abord une réduction de la consommation des agents fossiles (à réserver à un usage en chimie de synthèse plus judicieux que leur combustion), elle se focalise sur un difficile et très coûteux remplacement (non nucléaire) de la production de nos cinq réacteurs. Dès 2020 on découvrira ce qui compensera les 3 TWh (milliards de kWh) manquants de Mühleberg !
La Suède avait décidé de sortir du nucléaire d’ici 2010 et n’en a rien fait, ayant choisi en 2009 de remplacer un à un chaque réacteur obsolète par un nouveau plus moderne.
L’Angleterre va construire trois réacteurs avec le concours d’EDF, deux jumeaux sur le site de Hinkley, sur la côte atlantique du Somerset, et un à Sizewell, dans le Suffolk, qui contribueront à faire passer de 18 à 30% la part nucléaire dans l’électricité produite par le pays. Ce seront des EPR français d’une puissance de 1,65 GW (gigawatt) chacun et produisant 13 TWh/an chacun. Le coût prévu de 16 milliards de livres (24 milliards de francs) sera financé par des entreprises d’État chinoises qui, avec EDF, percevront une redevance sur la production.
De son côté, l’Allemagne s’entête à remplacer sa production de base, assurée par le nucléaire, par des centrales à charbon, principalement du lignite bien peu écologique ! Ce sont 54% de son électricité qui sont produits par des agents fossiles.
La Suisse, avec son bouquet de 60% de renouvelables et 40% de nucléaire, n’a pas à rougir de son bilan écologique; quel exemple voudra-t-elle suivre ?
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