La Transition Energétique désigne, en France comme en Suisse, une orientation de la politique énergétique qui veut une réduction sensible de la consommation d’énergie. Objectif supérieur : sortir du nucléaire, complètement en Suisse, partiellement en France. Les orateurs de l’Assemblée générale de la FRE le 12 mars dernier, ont évoqué la question de la validité de cette orientation et de ses chances d’acceptation.
Yannick Buttet , Conseiller national PDC/VS et membre de la Commission de l’énergie, ne s’estime pas inquiet après la votation fédérale du 8 mars dernier, qui a vu le souverain rejeter à 92 % des taxes massives sur l’énergie (p. ex. de 3 à 5 fr/l sur l’essence). Il estime qu’une fiscalité écologique raisonnable, comme 2e paquet indispensable à la Transition Energétique, conserve ses chances. On peut regretter sur ce point que M. Buttet n’aie pas fait mention que dans une logique saine, une taxe incitative doit être prélevée sur les nuisances, et non pas sur l’énergie, ce que prévoient pourtant la plupart des projets. À moins de confondre énergie et nuisance, ce que font certains partis et mouvements, et pas d’autres. M. Buttet s’est par contre déclaré d’avantage inquiet des résultats de la votation cantonale de Schaffouse :
Les Schaffhousois ont refusé clairement une taxe qui aurait alimenté un fonds de soutien aux énergies renouvelables. Elle avait pour objectif de réduire la dépendance du canton envers l’énergie nucléaire. Le paquet de mesures a été refusé par 58,1 % des votants. Parmi les mesures figurait une taxe de 0,7 à 0,8 centime par kilowattheure jusqu’en 2020, soit environ 35 francs par ménage et par année. Cet argent aurait permis de soutenir les énergies renouvelables et des mesures d’efficacité énergétique.
(Source 24 Heures : http://www.24heures.ch/suisse/resultats-votations-cantonales-suisse-allemande/story/11303540 )
Ce qui inquiète M. Buttet: taxe modique, promesse ciblée de sortir du nucléaire, et pourtant rejet très net.
Philippe Méchet, est directeur d’EdF, en charge des affaires institutionnelles. Il s’est livré à un tour d’horizon de la Transition énergétique dans le contexte français et européen. La présentation sera mise sur notre site dès que disponible.
Points saillants: un tour d’horizon très intéressant. Les points importants étaient tous relevés. Sans grandes théories, mais chaque fois avec quelques mots et chiffres clefs.
Sur les objectifs de réduction de la consommation d’énergie et d’électricité : il fait d’abord observer que lorsqu’on propose à un propriétaire de logement d’investir pour un assainissement thermique un montant qui ne pourra pas être amorti en moins de 30 ou 40 ans, il fait la grimace et on peut le comprendre. La Transition Energétique promet une baisse de la consommation des énergies fossiles de 30% pour 2030 et pour la consommation globale d’énergie de 50 % en 2050. Commentaire de M. Méchet : quelle est la valeur d’une promesse faite pour 2030, voire 2050 ? Sourires dans la salle, il souligne : ce genre de promesses contribue à décrédibiliser certains politiciens.
Dans une comparaison France – Allemagne il relève d’une part que le prix de l’électricité pour les ménages est deux fois plus bas en France et que d’autre part, les émissions de CO2 par kWh sont de l’ordre de 7 fois plus élevée en Allemagne. Il précise : pour le moment les ménages acceptent cette situation et l’économie est dispensée des taxes de subventionnement des énergies renouvelables.
Au contraire de la Suisse, la France n’envisage pas de sortir du nucléaire, considéré comme un atout économique et écologique. Mai l’objectif présidentiel officiel est de réduire la part du nucléaire à 50 % de la consommation (aujourd’hui env. 75 %) à l’horizon 2025. M. Méchet fait remarquer que le Sénat a récemment amendé le projet de loi sur ce point. L’objectif des 50 % est soumis à trois conditions : pas d’augmentation des émissions de CO2, pas de coûts excessifs et pas d’augmentation de la dépendance énergétique de la France.
Rappelons que la Suède, qui avait il y a environ 25 ans décidé de sortir du nucléaire, avait ajouté la condition de ne pas augmenter les émissions de CO2. Cette condition s’est révélée impossible à remplir. La Suède a annulé son décret de sortie du nucléaire, peu avant Fukushima, et a maintenu cette annulation après .
Le scoop c’est que M. Buttet semble capable de réfléchir, même de façon bornée par ses partis pris dogmatiques…