Un article d’André Bertin paru dans Contrepoints le 22 avril 2016.
Les Québécois auront une facture salée pour des éoliennes dont ils n’avaient nullement besoin. La situation est similaire en France.
Après la Bavière, le Québec aussi semble faire machine arrière concernant les nouvelles énergies renouvelables.
Avec ses grands barrages, le Québec produit beaucoup d’électricité. Traditionnellement, les surplus étaient vendus aux États-Unis, mais avec l’arrivée du gaz de schiste, ce débouché s’est progressivement fermé. Malgré cela, son ancien gouvernement s’était laissé « convaincre » par le lobby éolien de payer des subventions à l’industrie du vent, moyennant quoi, des éoliennes étaient apparues dans « La Belle Province », défigurant les paysages les uns après les autres.
Mais au fil des années, la note est devenue salée, et le prix de l’électricité s’est mis à grimper, malgré les surplus. Le nouveau gouvernement québécois, faisant preuve de bon sens, vient enfin d’arrêter le gâchis : les nouveaux parcs éoliens n’auront plus droit aux subventions, aux prix garantis et autres faveurs. Résultat : le lobby a beau huiler les gonds de la porte qui vient de se fermer, l’éolien est bel et bien gelé au Québec.
Reste la note à payer pour les subventions accordées antérieurement, qui sont garanties pour 25 ans. On lit dans Le Journal de Montréal du 9 avril 2016 :
« Les quatre millions de clients d’Hydro-Québec devront absorber une facture de 23 milliards CAD (dollars canadiens) d’ici 2042 pour les parcs éoliens qui existent déjà, selon ce qu’a appris le Bureau d’enquête » ¹.
Le calcul est simple : cela fait 5’750 CAD par client, pour des éoliennes dont les Québécois n’avaient nullement besoin. La situation est similaire en France, sauf qu’en région Poitou-Charente on n’a rien appris des expériences malheureuses, et qu’on continue à gaspiller de plus belle : 24 centimes d’euros le kWh garantis aux parcs éoliens en mer, contre 4 à 5 centimes sur le marché libre. Comme si les Français avaient les moyens de payer l’électricité 5 fois son prix…
Souhaitons que quelqu’un mette sous les yeux des responsables cette réflexion empreinte de sagesse, qui nous vient d’outre-Atlantique :
« Si l’on veut lutter contre les gaz à effets de serre, il faut évaluer les coûts et bénéfices des différents moyens, et choisir les plus efficients, ajoute Youri Chassin ². Le gouvernement se doit de prendre des décisions rationnelles, basées sur l’efficacité, et non axées sur un soutien artificiel de filières énergétiques qui coûtent cher et donnent peu de bénéfices. Il ne faudrait pas répéter avec les voitures électriques la même erreur qu’avec l’éolien … ».
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1) Hydro-Québec est l’équivalent québécois d’EDF
2) Youri Chassin est économiste et directeur de recherche à l’Institut Économique de Montréal (IEDM), un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif