Nous donnons ici une analyse écrite par Lionel TACCOEN ( président de l’ONG Global Electrification et rédacteur de la « Lettre géopolitique de l’Électricité » que l’on retrouve chaque mois sur le site Géopolitique de l’électricité ), une analyse pertinente de la réalité et des perspectives de la sécurité d’approvisionnement en électricité de la Suisse ; elle est excellente comme toutes ses analyses.
« Nous avions analysé en son temps l’électricité suisse. Il y a quelques années, le système était parfait : en gros, nucléaire + hydraulique fournissaient une électricité bon marché, avec très peu d’émissions de CO2 et permettaient une sécurité d’approvisionnement, car, comme chacun sait, on peut stocker plusieurs années de combustible nucléaire. Un des rôles du nucléaire est de permettre une alimentation suffisante en hiver.
Il y a quelques années, la Suisse a commencé à être un peu dépendante des importations durant l’hiver. Puis, je crois qu’elle est en train de devenir importatrice nette sur l’année.
Le solaire et l’éolien, pour des raisons géographiques, météorologiques et de surfaces disponibles, sont potentiellement incapables de suppléer l’arrêt du nucléaire. Les Allemands ont actuellement ce problème et se tournent vers l’éolien offshore. Mais je crois que les lacs de Genève ou des Quatre Cantons ne suffiront pas !
Ce qui va se produire maintenant est prévisible, si effectivement le nucléaire est arrêté progressivement :
– Les tarifs vont augmenter. Il faudra subventionner l’hydraulique, car solaire et éolien vont déséquilibrer le marché de l’électricité (cela a déjà commencé).
– La Suisse sera de plus en plus dépendante durant l’hiver de l’UE, avec les dangers correspondants.
– Puis commencera la construction de centrales à gaz, ce qui transformera la Suisse en pays dépendant de l’étranger pour son parc de centrales électriques.
Je crois que certains dirigeants politiques en sont conscients. Il y a quelques années, Mme Micheline Calmy-Rey avait mis un voile seyant à son teint pour traiter avec les Ayatollahs des achats de gaz à Téhéran. Il faudra y retourner, ou demander aux Russes et aux Algériens. Le plus simple est aussi d’acheter des pulls…
Il y a une autre éventualité, car nos amis suisses ont les pieds sur terre : retarder l’arrêt du nucléaire, tout en proclamant sa fin. »
Lionel Taccoen
7 juin 2017
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