L’ Académie des Sciences de Paris avait déjà publié (juin 2017) une analyse très critique de la transition énergétique allemande. Le ClubEnergie2051 en avait rendu compte au lien:
Maintenant c’est autour de France Stratégie de publier le 31 août 2017 une note d’analyse no 59 intitulée : Transition énergétique allemande : la fin des ambitions ?
Cette note confirme les conclusions de l’Académie des sciences la transition énergétique allemande est un échec : elle n’atteint pas ses objectifs.
Dans son analyse l’Académie française soulignait que l’exemple allemand montre qu’il n’est pas possible à la fois
1) de réduire la dépendance fossile, donc les émissions de CO2 et
2) de contenir les prix de l’électricité en éliminant le nucléaire, et en ne comptant que sur l’éolien et le solaire.
L’Académie déclare :
En 2011 l’Allemagne décide de sortir du nucléaire, dont la contribution à la
production électrique n’était que de 22 % en 2010, sortie qui en conséquence ne représente pas les mêmes défis qu’une sortie du nucléaire en France. Six ans plus tard, la part du nucléaire est de 13 %, celle des renouvelables de 30 %, ce qui est remarquable, mais la part des combustibles fossiles reste de 55 %. C’est la croissance de l’offre intermittente d’électricité produite par les renouvelables qui a nécessité l’ouverture de nouvelles capacités de production thermiques à charbon (13 GW) et un développement de l’exploitation du lignite. De sorte que l’Allemagne continue à être l’un des pays européens les plus gros émetteurs de CO2 pour un prix de l’électricité le plus élevé. On ne peut pas parler d’un succès.
Plus récemment c’est France Stratégie ( http://www.strategie.gouv.fr/ ), un organisme de réflexion, d’expertise et de concertation, autonome, rattaché au Premier ministre, qui s’est penché sur la transition énergétique allemande et qui publie le 31 août 2017, une note d’analyse no 59 intitulée :
Transition énergétique allemande : la fin des ambitions ?
Constat de cette note d’analyse (citation) :
Aujourd’hui l’horizon s’est obscurci. L’Allemagne produit certes un tiers de son électricité grâce aux énergies renouvelables mais elle paie cette performance remarquable au prix fort, le prix de l’électricité pour les petits consommateurs ayant plus que doublé entre 2000 et 2013. Parallèlement, elle continue d’avoir largement recours au charbon pour produire son électricité et reste un des pays d’Europe les plus émetteurs en CO2 par habitant. Fermer les centrales au charbon et au lignite est un objectif qui divise la population et met en jeu la sécurité de son approvisionnement. Le développement massif des énergies renouvelables intermittentes a compromis l’équilibre du système et impose la construction de milliers de kilomètres de lignes à haute tension, sur fond de forte opposition locale. Une éventuelle électrification du transport plongerait encore davantage dans la crise le secteur automobile, déjà fragilisé par les scandales successifs.
Même le 19:30 du TJ de la RTS UN en a parlé le 1er septembre 2017 :
https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/elections-allemandes-le-defi-du-tournant-energetique?id=8886114
Dommage que cette séquence n’aie pas été diffusée avant la votation suisse du 21 mai 2017 sur la Stratégie Energétique 2050.
Lire la note 59 de France Stratégie : Transition energetique allemande – fin des ambitions – note 59 Strategie,gouv.fr aout 2017
Sources :
http://www.strategie.gouv.fr/publications/transition-energetique-allemande-fin-ambitions
Ping : La transition énergétique allemande analysée par la France | Reblog clubenergie2051.ch - Carnot-Cournot-Netzwerk
Espérons que la France garde son histoire de rationalité.
Oui, la France a une belle histoire de rationalité.
Constat: très longtemps la question de l’énergie est restée très peu politisée. En particulier la gauche et la droite étaient toutes deux favorables au nucléaire. Ceci jusqu’en 2011, année de l’élection de François Hollande à la présidence. Lors de sa campagne, F. Hollande et le PS ont pris des positions antinucléaires. En Suisse la question du nucléaire est très politisée depuis les années 70. Cela explique peut-être que le milieux académique suisse reflète les divisions du monde politique. Ayant fait partie de la Commission énergie de la SATW, j’ai dû constater que la plupart des prises de positions sur l’énergie en général, et sur le nucléaire en particulier, reflétaient d’avantage les préférences de certains membres influents plutôt qu’une analyse rigoureuse des réalités scientifiques. Il faut espérer que le milieu académique français conserve son indépendance scientifique et sa liberté de pensée.