J-B. Jeanneret, 25 novembre 2020.
club.energie2051ch@gmail.com
On lira plus bas une traduction d’un article important paru dans le quotidien de Winterthur “Der Landbote”. On y apprend que l’industrie électrique Suisse se restructure en profondeur.
Une société d’investissement, Energy Infrastructure Partners (EIP), associée au Crédit Suisse est devenue actionnaire principal d’Alpiq, après avoir acheté la part française de l’entreprise. Elle a pris aussi une grosse participation dans l’activité réseau des Forces Motrices Bernoises (FMB/BKW), devenant ainsi le principe actionnaire de Swissgrid.
On voit donc se reconstituer ce qui avait été déconstruit en parallèle de la mise en place de la stratégie énergétique 2050 : les grandes sociétés électriques avaient été écartées de la gestion du réseau de distribution national confié à Swissgrid. Ainsi plus personne n’était responsable de la sécurité de l’approvisionnement électrique du pays. Le marché était supposé le faire magiquement, par une sorte de variante de la ‘main invisible’ supposée capable de réguler l’économie et le marché, mais dont on connait les limites dans certains domaines.
EIP investira dans la monde entier, mais aussi en Suisse où elle se concentrera sur l’hydroélectricité et le photovoltaïque. L’éolien est écarté en Suisse, à cause de son faible potentiel de vent et de sa topographie difficile.
On peut saluer ce qui semble être un bonne nouvelle pour le pays.
L’article original en allemand est accessible ici. https://epaper.landbote.ch/index.cfm/epaper/1.0/share/email?defId=300&publicationDate=2020-11-21&newspaperName=Der%20Landbote&pageNo=25&articleId=118674395&signature=683E5ED8C04FE0019DAA38BD064992E1CA8F54F2
Traduction française de l’article du Landbote :
Der Landbote, 21 Novembre 2020, Philipp Felber-Eisele.
Les nouveaux barons de l’électricité en Suisse
Investissements pour les fonds de pension
Récemment, la société d’investissement Energy Infrastructure Partners, jusqu’alors inconnue, a pris le contrôle d’une partie importante de l’industrie énergétique suisse. Elle a de grands projets.
Ils contrôlent le géant de l’électricité Alpiq, ont une participation dans le gestionnaire de réseau national Swissgrid et investissent dans les infrastructures gazières. Il s’agit de Roland Dörig et de Dominik Bollier. Ils étaient tous deux à la tête de Credit Suisse Energy Infrastructure Partners. Ils acquièrent maintenant une participation majoritaire dans la société, qui sera rebaptisée Energy Infra structure Partners (EIP). Un important véhicule d’investissement de cette “boutique d’investissement” est appelé CSA Energy Infrastructure Switzerland, par lequel MM. Dörig et Bollier investissent de l’argent dans l’industrie énergétique suisse sans être exagérément limités.
M. Dörig a travaillé comme consultant dans le secteur de l’énergie, M. Bollier est un banquier. Leur société gère un total de 1,7 milliard de francs suisses sur plus de 170 fonds de pension suisses par l’intermédiaire de CSA Energie Infrastructure Suisse. De là, l’argent des assurés est acheminé vers diverses entreprises du secteur de l’énergie. Par exemple, EIP a pris une participation dans Alpiq. A l’avenir, la CSA détiendra un tiers des actions d’Alpiq et a déjà aujoird’hui des administrateurs au sein du groupe.
Alpiq est un acteur important dans le secteur de l’approvisionnement en électricité : le portefeuille de l’entreprise comprend des participations dans 13 centrales à accumulation, dont le barrage de la Grande Dixence, probablement le plus connu de Suisse. Le groupe détient également des participations dans les centrales nucléaires de Gösgen et Leibstadt.
Engagement global
MM. Dörig et Bollier sont également liés aux Forces Motrices Bernoises (FMB/BKW), un autre géant de l’industrie énergétique suisse. Il s’agit de BKW Netzbeteiligung AG, dont 49 % sont détenus par la CSA. Cette société est le plus grand actionnaire de Swissgrid. Swissgrid est responsable de l’exploitation et de la surveillance du réseau de transport suisse et est donc extrêmement important pour la sécurité de l’approvisionnement en Suisse.
Le rôle de l’EIP sur le marché suisse et mondial de l’énergie devrait maintenant devenir encore plus important. « L’indépendance nous permettra de mieux réaliser notre potentiel », déclare M. Dörig. L’objectif est de renforcer la présence de l’EIP sur le marché mondial de l’énergie. En plus de son engagement en Suisse, l’EIP a également participé à des projets en Europe, comme le plus grand parc éolien d’Europe en Norvège. Elle prévoit maintenant d’intensifier ses activités sur les marchés américain et asiatique. Toujours à l’esprit : la transition énergétique.
Mais l’EIP ne veut pas seulement se développer dans le monde entier. « Nous voulons faire des investissements importants en Suisse au cours des 12 à 18 prochains mois », déclare M. Dörig. L’accent sera mis sur le réseau électrique, d’une part, et sur la production d’hydroélectricité et de photovoltaïque, d’autre part. « Nous envisageons de grandes surfaces sur des bâtiments comme objets d’investissement possibles », explique M. Dörig.
L’énergie éolienne est traitéedifféremment : « En Suisse, contrairement à l’étranger, l’énergie éolienne n’est pas une option pour nous : en raison de trop faibles ressources éoliennes et de la topographie », dit M. Dörig. Il n’exclut pas non plus de nouveaux investissements dans des entreprises du secteur de l’énergie. « Nous gérons des fonds provenant de caisses de retraite suisses. Elles veulent des investissements sûrs ».
En tant qu’acteur clé de l’infrastructure énergétique de la Suisse, M. Dörig doit se pencher sur l’avenir de l’électricité dans le pays. Les défis à relever sont clairs : comment combler le déficit d’électricité en hiver alors que les grands exportateurs que sont l’Allemagne et la France deviennent eux-mêmes importateurs d’électricité ? Pour M. Dörig, une chose est claire : « Sans centrales au gaz de réserve, cela ne fonctionnera pas”. Une déclaration qui présente un grand potentiel de conflit politique.
Traduction avec l’aide de DeepL