Les coûts de production de l’électricité issue de sources renouvelables ne sont pas un bon indicateur des futurs coûts de l’électricité

Ce titre est celui d’une étude récemment parue en Allemagne, que nous présente M. Markus Saurer, membre du CCN (le Réseau Carnot-Cournot-Netzwerk). Nous le remercions de nous autoriser à publier ici son texte.

L’Allemagne devra encore longtemps supporter des coûts d’électricité trop élevés

Un trio d’économistes met en garde contre les coûts élevés de l’électricité à long terme

Markus Saurer, le 12 avril 2024

« Le vent et le soleil ne présentent pas de facture ? Attention ! dit l’économiste Veronika Grimm. Elle réfute l’argument des partisans inconditionnels des énergies renouvelables selon lequel l’électricité verte serait particulièrement bon marché. Les coûts pour l’industrie devraient bien rester élevés.

C’est le titre et le chapeau d’un bref rapport de la WirtschaftsWoche sur une nouvelle étude de coûts parue en Allemagne.

Lisez ici ce rapport de la WirtschaftsWoche (gratuitement) et jetez un coup d’œil à l’étude elle-même (ou à décharger ici : Stromgestehungskosten von Erneuerbaren sind kein guter Indikator für zukünftige Stromkosten, Veronika Grimm, Leon Oechsle, Gregor Zöttl, 19 pages, parue le 9 avril) !

Cette étude de coûts confirme une fois de plus ce que le CCN n’a cessé de souligner depuis Fukushima, à savoir que les surcoûts systémiques pour le lissage de l’électricité stochastique en fonction de la demande font plus que compenser la baisse de ses coûts de production (coûts actualisés). Ces coûts supplémentaires augmentent de manière disproportionnée par rapport à l’augmentation de la part du courant électrique stochastique dans le mix de production d’électricité.

Malgré tout, nous ne devrions pas sourire des Allemands avec une joie mauvaise

Car, avec notre Stratégie énergétique 2050, aujourd’hui élargie pour inclure les Perspectives énergétiques 2050+, qui doit maintenant être « bétonnée » par les citoyens avec la loi sur l’électricité, ou « Acte modificateur unique » (Mantelerlass), nous empruntons la même mauvaise voie qu’eux. Ce faisant, nous voulons même construire des installations alpines de production stochastique d’électricité pour lesquelles on ne peut pas s’attendre à ce que les coûts de production baissent, mais plutôt qu’ils augmentent – ou bien l’on s’attendrait à ce qu’ils le fassent, mais personne ne s’y lance.

Au contraire, et coûte que coûte, nos politiciens veulent injecter à fonds perdus jusqu’à 60% des coûts d’investissement. Ces installations ne sont donc même pas en mesure de couvrir leurs coûts directs. Et personne n’a la moindre idée de l’ampleur des coûts systémiques supplémentaires pour raccorder et exploiter ces installations et lisser leur production d’électricité. L’aspect bénéfice est également inconnu : ces installations seront-elles capables de couvrir sur toute leur durée de vie l’énergie investie et donc de produire une énergie nette, ou bien aurons-nous même affaire, finalement tout bien compté, à des puits d’énergie ?

Et contribueront-elles à la réduction des émissions de CO2 ou sont-elles même émettrices de CO2 (pensons aux tonnes de métal et de béton, aux milliers de rocades d’hélicoptères, à la construction de téléphériques de chantier, de routes d’accès, à la construction de lignes électriques…) ?

Ce n’est qu’avec un « NON » à la loi sur l’électricité le 9 juin que nous avons encore une chance d’obtenir des réponses à ces questions. Cette précipitation irréfléchie doit être stoppée.

Markus Saurer

 

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