Les sociétés Alpiq et BKW qui détiennent 47,3 % du capital de Swissgrid
veulent se retirer. En difficultés financières ces entreprises cherchent à se
défaire d’investissements qu’elles considèrent comme non stratégiques.
L’article de Willy Boder paru dans le Temps du 28 mai 2014 (*) (problème avec le lien MF) relate: «Il y avait bien quelques rumeurs, mais la nouvelle nous a tout de même surpris.» Thomas Hegglin, porte-parole de Swissgrid, ne s’attendait pas à ce qu’Alpiq annonce la décision de se retirer de l’actionnariat de la société qui gère les autoroutes électriques du pays. Lundi, quelques heures après Alpiq, c’est un autre actionnaire grossiste en électricité, le bernois BKW, qui a suivi le pas. Près de la moitié du réseau à très haute tension du pays se retrouve donc sur le marché des enchères car Alpiq détient 34,7% de Swissgrid, et BKW 12,6%. En théorie, des investisseurs privés et de gros opérateurs étrangers du secteur de l’énergie pourraient donc prochainement détenir une minorité de blocage de l’approvisionnement de la Suisse. Mais la Commission fédérale de l’énergie (ElCom) veillera au grain pour que ce monopole naturel reste dans la plus grande proportion possible en mains des pouvoirs publics.
C’est aujourd’hui le cas puisque les actionnaires principaux d’Alpiq sont indirectement les cantons, en particulier romands, et que le canton de Berne est majoritaire au sein de BKW. L’ElCom a immédiatement réagi en rappelant que la loi oblige Swissgrid à respecter un droit de préemption en faveur des pouvoirs publics (cantons, communes, sociétés en mains publiques), et que la part des investisseurs privés ne peut pas dépasser 49%. L’avertissement a été fait car Swissgrid rêve de diversifier son actionnariat en accueillant des caisses de pension. «Les fonds de pension seraient l’idéal selon nous car ce sont des investisseurs stables qui s’engagent le plus souvent pour une longue durée», note Thomas Hegglin. Mais cette redistribution pourrait aussi intéresser les cantons qui voient avec crainte la chute des prix de vente de l’électricité sur le marché de gros, ce qui met à mal les sociétés de production, comme Alpiq, dont ils sont indirectement actionnaires. Un repli vers un secteur stratégique moins volatil, comme le réseau de transport, pourrait les tenter. C’est du moins l’avis d’Andreas Huber, secrétaire de la Conférence des directeurs cantonaux des finances, cité par la Neue Zürcher Zeitung. Il appelle de ses voeux la reprise des actions de Swissgrid sur le marché par une société de participation en mains des cantons. Alpiq et BKW justifient leur envie de vendre leurs actions Swissgrid par la volonté de récupérer ce capital afin de l’investir dans leurs programmes respectifs de réorientation stratégique axés sur les services énergétiques, car la production d’électricité est devenue moins rentable. Que va faire le groupe zurichois Axpo, autre gros actionnaire (38,3% au total) de Swissgrid? «Axpo n’a pas l’intention, pour l’instant, de se séparer de sa participation financière dans Swissgrid », signale Tomas Honegger, porte-parole du groupe énergétique. Les changements structurels du secteur – en ligne avec l’évolution des règles européennes sur la séparation juridique des diverses activités des grandes entreprises électriques du continent – ont commencé en Suisse en 2009. Swissgrid a pris en charge la gestion du réseau à haute tension qui restait propriété de sept sociétés, dont Alpiq,BKWetAxpo. Puis, dès janvier 2013, au terme d’une vaste opération d’émission d’actions et d’octroi de prêts, Swissgrid a racheté l’entier du réseau des autoroutes électriques aux sociétés électriques pour une somme fixée à 1,8milliardde francs. Des procès sont encore en cours devant les tribunaux car les entreprises, qui sont devenues du mêmecoup actionnaires de Swissgrid, réclamaient un montant de 2,3 milliards pour céder leurs biens à Swissgrid. Personne ne connaît donc, en ce moment, la valeur exacte du réseau, et par conséquent celle des actions de Swissgrid mises sur le marché. Aucun dividende n’a d’ailleurs été versé à ce jour. BKW, qui a cédé 800 kilomètres de lignes, indique une valeur comptable de 80 millions de francs pour sa participation, ce qui place la valeur totale du réseau à 635 millions. Mais il est valorisé à 1,94 milliard chez Alpiq et 1,86 milliard chez Axpo.
(*) pour les internautes n’ayant pas accès à cet article, une version PDF est à télécharger ici.