Regardons de plus près les chiffres et comparons les valeurs absolues d’émission et les valeurs par tête d’habitant durant les trois dernières années d’émissions de CO2 issues de la seule consommation d’énergie des trois pays: selon les données d’Eurostat, en Allemagne, elles étaient de 722 MtCO2 (millions de tonnes de CO2) en 2011, de 745 en 2012, et de 760 en 2013 ; au Danemark, de 42,96 MtCO2 en 2011, de 37,65 en 2012, et de 40,22 en 2013 ; en Suisse, selon l’Office de l’environnement, de 38,13 MtCO2 en 2011, de 38,38 en 2012, et, en 2013, d’une valeur analogue, mais pas encore publiée.

Il est intéressant de voir quelles sont les émissions en tonnes par habitant. L’Allemagne (population de 80,5 millions) est à 9,4 tCO2/hab, le Danemark (5,6 millions) à 7,1 tCO2/hab et la Suisse (8,0 millions) à 4,8 tCO2/hab. S’il y a des pays qui ont encore de vrais efforts à faire, ce sont précisément l’Allemagne et le Danemark ! Contrairement à ce qui est dit, la Suisse n’a pas failli et son bilan montre des émissions parmi les plus faibles d’Europe.

D’où viennent ces mauvais chiffres pour l’Allemagne et ces bonnes notes pour la Suisse ? L’Allemagne, malgré ses parcs éoliens et photovoltaïques, produit 57% de son électricité avec des fossiles (anthracite, lignite et gaz) ; ce qui charge son électricité de quelque 600 gCO2/kWh (grammes de CO2 par kWh) ! La Suisse, avec son mix idéal de 60% d’hydraulique et de 40% de nucléaire, ne montre que 25 gCO2/kWh ; il en irait bien sûr autrement si, à l’avenir, on devait la produire avec des centrales à gaz.