EnR (*) versus EPR (**)

Lu dans « Nucléaire & Énergies », n° 67 – Décembre 2015

Charge typique d’un cœur de réacteur EPR (AREVA NP Inc.)

Quel est, sur le plan économique, le meilleur placement de l’argent du citoyen français consommateur d’électricité, entre :

(A) les 7 milliards d’euros de surcoût d’investissement du prototype de réacteur EPR (**), dont le retard a obligé à réviser le coût de construction initial de 3,5 milliards d’euros à 10,5 milliards d’euros,

et

(B) les 2,1 milliards d’euros de la taxe CSPE (***) des factures électriques domestiques 2014 consacrés au financement de l’électricité solaire photovoltaïque ?

Explications

Dépense (B) : les 2,1 milliards d’euros représentent la part de la CSPE (contribution au service public de l’électricité) qui finance les surcoûts d’achat des kWh solaires photovoltaïques, sur un total CSPE de 6,2 milliards d’euros en 2014. Rappelons que la CSPE finance la solidarité sociale et géographique de l’électricité et, depuis 2008, les subventions aux producteurs de kWh solaires, éoliens et de cogénération ; le solaire photovoltaïque en est le premier bénéficiaire avec 2,1 milliards d’euros qui ont financé les 5,9 TWh (5,9 milliards de kWh) produits en 2014. Cet effort représente en moyenne 35 centimes d’euro par kWh. La loi impose de répéter cet effort chaque année pendant 20 ans ; effort d’ailleurs croissant puisque la CSPE augmente tous les ans, du fait qu’elle cumule les nouveaux contrats venant s’ajouter chaque année aux précédents. 35 c€/kWh est une moyenne et certains petits producteurs d’électricité solaire de la 1ère heure (dès 2009) touchent même 63 c€/kWh pour la revendre à la collectivité, se gardant bien de la consommer, la loi les autorisant à vendre via EDF à 63 c€/kWh et à racheter de l’électricité essentiellement nucléaire à 5,5 c€/kWh pour leur consommation (note : 5,5 c€/kWh c’est la « part énergie » des factures hors « acheminement et taxes »). La différence 63 c€/kWh moins 5,5 c€/kWh est financée par la CSPE de nos factures pour encourager le développement du solaire.

Dépense (A) : le nouvel EPR de Flamanville va produire dès 2018 quelque 10 TWh (10 milliards de kWh) par an pendant au moins 60, voire 80 ans ; son surcoût de construction de 7 milliards d’euros représente donc environ 1 centime d’euro par kWh, soit 35 fois moins que nos très chers kWh solaires ! On peut aussi remarquer que le coût de l’EPR est essentiellement dépensé en France et alimente des emplois français. Les modules photovoltaïques sont en majorité made in China, et ont, par ailleurs, une empreinte carbone non négligeable du fait de l’énergie charbon utilisée dans leur procédé de fabrication très énergivore.

(*) Les EnR, pour Énergies Renouvelables, désignent, par abus de langage, les sources d’énergie renouvelables.

(**) L’EPR, ou Réacteur Pressurisé Européen, est un réacteur nucléaire de troisième génération, dit aussi réacteur évolutionnaire de Génération III+, une évolution des réacteurs dits avancés de Génération III.

(***) La CSPE, ou Contribution au Service Public de l’Électricité, est un prélèvement de nature fiscale sur les consommateurs d’électricité en France (analogue à notre RPC , ou Rétribution à Prix Coûtant, en Suisse, ou à l’EEG, Enerneuerbare-Energien-Gesetz, en Allemagne), destiné à dédommager les opérateurs des surcoûts engendrés par les obligations qui leur sont imposées par la loi sur le service public de l’électricité ; ce sont principalement des charges de service public dues aux Énergies Renouvelables (EnR).

 

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