Quelques extraits récents du débat sur l’énergie dans nos médias.

Publié le 14 février 2025 par jf.dupont

Les extraits choisis ici sont emblématiques de quelques faiblesses que l’on retrouve régulièrement dans le débat sur l’énergie.
Le nucléaire fait partie du débat sur l’énergie. Il est, par nature, la source des faiblesses et difficultés du débat.
Les extraits choisis ici illustrent les faiblesses suivantes :
1) le dogmatisme idéologique de l’écologie politique avec son déni de la réalité scientifique
2) la communication de certains représentants de la branche électrique qui semblent ignorer les réalités de leur profession
3) le biais sélectif des médias dans le choix de certaines informations
Enfin, il y aura aussi, pour terminer, une annonce réjouissante pour le futur du débat.

  1. Le dogmatisme idéologique de l’écologie politique et un certain déni des réalités scientifiques.

Nous avons déjà évoqué le dogmatisme idéologique de l’écologie politique. Voir en particulier : https://clubenergie2051.ch/2022/05/12/lecologie-une-bonne-intuition-qui-a-mal-tourne/

Géraldine Woessner, rédactrice en chef de l’hebdomadaire Le Point et son collègue Erwan Seznec viennent de publier une analyse lucide de l’écologie politique qui mérite le détour. Elle est intitulée:
Les illusionnistes – Climat, agriculture, nucléaire, OGM : l’enquête inédite sur les dérives de l’écologie politique
https://www.fr.fnac.ch/a20437269/Geraldine-Woessner-Les-illusionnistes-Climat-agriculture-nucleaire-OGM-l-enquete-inedite-sur-les-derives-de-l-ecologie-politique

Extrait du résumé:
« … sous des dehors sympathiques, l’écologie politique s’impose et bouleverse durablement la société. Que l’on prenne seulement l’exemple du nucléaire, dont l’Europe s’est débarrassée au détriment de son indépendance énergétique et de ses émissions de CO2. Ou même celui de l’agriculture conventionnelle, combattue alors qu’elle semble être seule capable de nourrir 8 milliards d’humains.
Cette enquête précise et documentée s’attache à dévoiler la face sombre de l’écologie politique, un puissant lobby qui s’est immiscé dans tous les milieux, des administrations nationales aux organisations internationales, au point que l’on considère aujourd’hui sérieusement la musique comme une alternative aux pesticides et la dictature comme un régime désirable pour sauver la planète. »

Voir aussi cette interview-Vidéo:

L’écologie politique nie le réel – Géraldine Woessner
https://www.youtube.com/watch?v=mos3JvDXPRM

La Suisse a aussi ses « illusionnistes ». Un exemple : Jean-Yves Pidoux, ancien municipal et directeur des SI Lausannois. Lire son opinion sur le nucléaire dans 24H du 16 janvier 2025: https://clubenergie2051.ch/wp-content/uploads/2025/02/nucleaire-opinion-de-j-y-pidoux-24h-16-01-2025.docx .

Notre réponse dans le courrier des lecteur de 24H du 30-01-2025: https://clubenergie2051.ch/wp-content/uploads/2025/02/rep.-a-jy-pidoux-lett-lect-jfd-24h-30-01-2025.docx

2. La communication de certains représentants de la branche électrique semble ignorer les réalités de la profession.

Il arrive que la parole soit donnée à des responsables de la branche électrique et qu’ils puissent ainsi donner un avis fondé sur la réalité du système électrique et de ses succès ou difficultés. Surprise avec cet article signé Wolfgang Martz, ancien administrateur d’Alpiq, EOS Holding et Romande Energie, dans Le Temps du 31-01-2025 et intitulé : « L’accord sur l’électricité avec l’UE est une aubaine pour la Suisse » https://clubenergie2051.ch/wp-content/uploads/2025/02/wolfgang-martz-accord-ch-ue-sur-lelectricite-le-temps-31-01-2025-1.docx .
Il y affirme que la solution des difficultés actuelles du système électrique se trouverait dans le nouvel accord-cadre entre la Suisse et l’UE, parce que cet accord permettrait les importations de l’électricité qui nous manquerait. Il affirme aussi qu’un marché de l’électricité plus ouvert aux consommateurs en dessous de 100’000 kWh/an permettrait, par le miracle du marché, de baisser les prix.


Il est vrai que le marché de l’électricité souffre de deux maux graves, et bien visibles pour le citoyen consommateur, que sont la menace de pénurie et la forte hausse des prix. Pendant très longtemps, des dizaines d’années, ces deux menaces étaient inconnues jusqu’à la conjonction de deux décisions politiques intervenues au milieu des années 2000:
1) l’ouverture du marché de l’électricité et
2) la transition énergétique (remplacer tout le nucléaire par que du renouvelable).
Des analyses sérieuses ont été faites des raisons pour lesquelles ces deux décisions politiques ont conduit à la pénurie et à la hausse des prix. En particulier :

Ce qui est frappant dans l’article du Temps de M. Wolfgang Martz: il n’y a pas la moindre évocation des réalités évoquées dans les documents ci-dessus.

Dans cette rubrique de propos de responsables de la branche, signalons encore l’interview donnée par Michael Frank, directeur de l’AES (Ass. des Entreprises Électriques Suisses) dans l’émission Forum de RTS la 1ère du 10-02-2025. Michael FranK, comme Wolfgang Martz, ne fait pas l’analyse des causes du dysfonctionnement actuel du système électrique et voit le salut dans l’accord-cadre CH-UE et des dispositions sur l’électricité. Il affirme même que le monopole d’avant l’ouverture du marché et d’avant la transition énergétique « …ne nous protégeait pas des hausses de prix… » : or, la réalité au contraire est  que pendant des dizaines d’années qu’a duré le monopole, il n’y a jamais eu ni menace de pénurie, ni de hausses importantes des prix de l’électricité. Pour visionner : https://www.rts.ch/play/tv/forum/video/ue-suisse-accord-et-desaccords-15-le-marche-de-lelectricite–debat-entre-michael-frank-et-christian-dandres?urn=urn:rts:video:1546927

3. Le biais sélectif des médias dans le tri des informations

Au téléjournal de 19h30 de RTS UN du 10-02-2025, on nous présente un reportage sur les élections actuelles en Allemagne. L’information est focalisée sur l’affrontement politique entre le Chancelier Olaf Scholz (PS) et son concurrent Friederich Merz (CDU). On évoque que M. Scholz serait à la peine dans les sondages, on sous-entend même que cela serait un peu injuste parce qu’il est rappelé qu’il est un digne successeur de Mme Angela Merkel, qui a fait tant de bien pour l’Allemagne. Ce qui est frappant dans cette présentation : pas un mot n’est dit sur la situation énergétique, économique et écologique catastrophique de l’Allemagne dénoncée par la Cour des Comptes allemande (rapport évoqué plus haut) et la responsabilité de M. Scholz et de Mme Merkel dans cette crise allemande. Or les électeurs eux ont bien compris cette réalité, d’où les mauvais scores dans les sondages. Cette réalité est simplement que les allemands manquent de kWh, leurs kWh sont les plus chers et leurs kWh sont les plus dosés en CO2. Pour eux: c’est la triple peine. Pourquoi cette omission dans le reportage ? L’explication plausible : cette réalité n’est pas bonne à dire, cela ferait plaisir à certains et pas à d’autres. Cela s’appelle pratiquer un biais sélectif dans le tri des informations. Pour visionner ce reportage sur les élections allemande :  https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/elections-allemandes-vif-debat-entre-le-favori-friedrich-merz-et-olaf-scholz?urn=urn:rts:video:15469441

4. Bonne surprise quand même : une nouvelle positive pour le nucléaire.

Le MEDEF, Mouvement des Entreprise de France, annonce que 14 fédérations composant l’Alliance patronale du Nucléaire ont publié une déclaration commune. Les organisations signataires de cette déclaration annoncent leur engagement commun à renforcer l’industrie nucléaire européenne, dans la mesure où elle contribue à la décarbonation de l’Europe et aux objectifs de compétitivité et de résilience aux côtés des solutions renouvelables et bas carbone. Voir la déclaration commune : https://www.medef.com/fr/actualites/alliance-patronale-du-nucleaire-declaration-commune#

JFD/ 14-02-2025

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