Allemagne : la transition énergétique démolit le secteur

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Il n’y a pas qu’EDF ou Alpiq qui souffrent en ces temps de chaos sur le marché européen de l’électricité…

Quel est l’effet de la transition énergétique en Allemagne sur les prix et sur la santé de l’industrie ?

Par Pierre L. Gosselin
Un article de No Tricks Zone, paru le 10 mars 2016, et traduit dans Contrepoints du 13 mars 2016.

E.ON, l’un des plus grands producteurs d’énergie en Europe, vient d’annoncer le 9 mars 2016 qu’il a perdu 6,999 milliards d’euros en 2015. L’année précédente, il avait déjà perdu 3,160 milliards d’euros.

Le géant allemand de l’électricité a souffert non seulement des prix bas sur les marchés de l’électricité, mais les pertes étaient aussi dues à des charges de dépréciations massives, puisque la société a réduit la valeur comptable de ses actifs de génération conventionnels au gaz et au charbon.

Ce genre de choses survient quand une société énergétique est forcée par la loi d’acheter à des prix exorbitants de l’énergie solaire et éolienne aléatoire et génératrice de pertes, et de la revendre à perte sur les marchés de l’électricité. Il n’y a pas de retournement en vue.

Nous assistons à l’effondrement de l’industrie de la production d’électricité allemande, grâce à la « Energiewende » ou transition énergétique.

Le PDG d’E.ON, Johannes Teyssen, a parlé de temps difficiles lors d’une conférence de presse mercredi 9 mars 2016. Les deux dernières années, sa société, basée à Essen, a donc perdu plus de 10 milliards d’euros !

Comme Bloomberg le rapporte ici :

« L’environnement économique général et la situation dans notre industrie se sont significativement détériorés, a dit mercredi à des journalistes le PDG Johannes Teyssen, à Essen. »

Sans surprises, les pertes massives proviennent en grande partie du secteur production d’électricité, où les ventes ont chuté de 34%. L’opération des centrales au gaz n’est plus rentable du fait des prix bas sur les marchés de l’électricité.

Pire encore, les bas prix causés par la production excessive ne trouvent même pas le chemin des consommateurs. Bien que l’électricité produite soit vendue à bas prix sur les marchés, à cause du surplus de productions éolienne et solaire, les consommateurs n’en tirent aucun avantage… Les Allemands paient désormais des prix quasiment records (environ 29 cents d’euro par kilowattheure, dont 6,354 cents d’euro comme contribution « EEG-Umlage », soit, littéralement, comme « participation aux frais de la loi sur les énergies renouvelables » !). Souvent, même les centrales au charbon sont mises à l’arrêt. Des experts ont averti que la transition énergétique pourrait coûter 1’000 milliards d’euros aux Allemands.

Les actions d’E.ON ont aussi terriblement souffert. En 2008, le prix de l’action avoisinait 50 euros. Aujourd’hui, 8 ans après, elle cote un misérable 8 euros.

Le Spiegel qualifie les pertes d’E.ON de dramatiques.

Déjà en 2013, The Economist avait averti d’un désastre imminent dans le secteur énergétique allemand…

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