Une majorité du Conseil national recommande donc la mesure phare et symbolique, tant souhaitée par les uns et crainte par d’autres : l’interdiction du nucléaire. Il faut le dire sans détour : cette proposition est aussi intelligente que les bûchers du Moyen-Âge. Elle est d’un point de vue moral, culturel et scientifique obscurantiste. Elle est auto-mutilante pour notre avenir et, ce n’est pas le moindre des paradoxes, tout particulièrement pour l’environnement et le développement durable.
Une interdiction injustifiée.
La sécurité, qui semble la justification évidente de cette interdiction, n’est, en y regardant de près, qu’un mauvais prétexte. La sécurité d’une technologie à risque ne s’obtient pas par des interdictions a priori et inconditionnelles, mais par la maîtrise des risques. Et la maîtrise des risques est une question de méthode qui passe, dans une société civilisée par, des normes et leur respect. Ces normes résultent à la fois du travail des experts, qui les élaborent, et du législateur, qui les intègre dans la loi. Certes, une technologie qui ne respecterait pas les normes fixées peut et doit être interdite, ou tout au moins son utilisation doit être différée jusqu’à ce que des progrès aient permis de satisfaire les normes fixées par la société. Mais l’interdiction ne doit pas être ni a priori ni arbitraire. Or que disent ceux qui ont voulu cette interdiction ? Ils ont en gros deux arguments : a) Tchernobyl et Fukushima sont trop graves, et la même chose peut se passer n’importe quand avec nos réacteurs et b) personne en Suisse n’accepterait de construire de nouveaux réacteurs. Deux points qui, vérifications faites ne sont pas confirmés, mais qui n’ont pratiquement pas été évoqués dans les débats.
Sur a) oui ces accidents sont graves, mais Bhopal, beaucoup plus grave en nombre de victimes, n’a conduit aucun politicien à demander l’interdiction de la chimie en Suisse. De plus il ne suffit pas de prétendre que la même chose pourrait se passer n’importe quand dans nos centrales pour que cela soit vrai. Il faut encore vérifier. Pour Tchernobyl les défaillances technologiques de ce type de réacteurs russes avaient été reconnues par les experts et une grande majorité de décideurs politiques. L’inspectorat de sécurité a aussi vérifié pour Fukushima. Il a établi que ces réacteurs manquaient de quatre équipements de sécurité, existants sur nos centrales, qui auraient réduit considérablement, voire empêché, la contamination radioactive. Il est établi aussi qu’aucun des réacteurs disposant de ces équipements, en particulier en Suisse, en France, en Allemagne,… n‘a jamais provoqué de dommages par radioactivité dans son environnement.
Sur b) c’est aussi une affirmation gratuite, non vérifiée.
Pour bien faire comprendre, j’ose une analogie qui va choquer certains, mais que je crois nécessaire de dire ouvertement : dans le cas d’un être humain que l’on présenterait devant un tribunal, avant de le condamner, on exige un procès équitable, soit en particulier un acte d’accusation fondé et vérifié. Une condamnation sans enquête serait dénoncée comme procès sommaire. De plus il s’agirait de prouver des délits punissables comme le vol, la violence, la mise en danger d’autrui. Mais que dire d’une condamnation prononcée pour cause de convictions politiques ou religieuses, voire de la couleur de peau du prévenu ? Ce serait dénoncé comme de la discrimination ou du racisme. Or de facto on veut interdire le nucléaire suisse, simplement parce qu’il est nucléaire. Donc à cause de sa « couleur ».
L’interdiction du nucléaire tient donc à la fois du procès sommaire et de ce qu’il faut bien appeler une forme de racisme énergétique.
Enfin une des qualités civilisatrices de l’homme tient à sa capacité, face aux risques de rechercher à les maîtriser plutôt qu’à les fuir. Rappelons que sans cette capacité nous ne connaîtrions ni le feu, ni l’agriculture, ni les maisons, ni les trains, ni les ponts, ni la médecine, ni…bref nous n’aurions pas de civilisation.
Une interdiction pénalisante pour tous.
Qui donc doit craindre cette interdiction, qui va souffrir ? Certains pensent que ce sont les électriciens puisque c’est eux qui voulaient construire de nouvelles centrales. Certains imaginent même que de toute façon s’ils en ont besoin du nucléaire, ils feront bien « ce qu’ils voudront ». Voter contre le nucléaire devient une simple précaution pour le politicien ou le citoyen inquiet, de « les obliger à faire attention ».Je crois qu’il faut se détromper, sur les deux points. D’abord les électriciens ne font pas l’électricité pour eux, mais pour leurs clients. Ils en ont moins besoins que nous. Et si on les oblige à recourir à des moyens (beaucoup) plus coûteux, ils répercuteront sur nos factures. S’ils doivent gérer des pénuries, des pannes et des coupures, n’oublions pas que cela fait aussi monter les prix et aussi qu’ils sont du bon côté de la prise, et de la facture. Cela explique probablement leur silence prolongé : il faut aussi dire que dans les conseils d’administrations des entreprises électriques siègent beaucoup des élus politiques qui se sont mobilisés contre le nucléaire. Donc ce sont nous les citoyens consommateurs et les entreprises qui risquons être pénalisés : par des kWh plus chers, et plus polluants, et plus gênants pour le paysage, et même manquants…
Une interdiction défavorable aussi pour l’environnement.
L’environnement sera, lui aussi, probablement perdant. Quel paradoxe ! Est-ce possible ? Ce sont quand même les défenseurs de l’environnement qui ont le plus voulu cette interdiction. Et eux, ce n’était pas vraiment pour défendre le siège PDC au Conseil fédéral de leur ministre de l’énergie. Non, les manouvres politiques leur sont étrangères, ils défendent l’environnement, point. Pourtant je crains que oui, l’environnement sera, après notre portemonnaie, le grand perdant. Pourquoi ? Pour une raison simple : dit de manière prosaïque, on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs et l’omelette nucléaire en casse comparativement peu, même beaucoup moins que d’autres alternatives.
Explication avec un petit retour aux faits de base. Quand on fissionne 1g d’Uranium 235, on dégage autant d’énergie que lorsque l’on brûle 1 tonne et demie de mazout. Ce gramme d’Uranium fissionné va donner à peu près aussi un gramme de morceaux cassés, les produits de fission en partie très radioactifs pour longtemps, qui vont constituer la part principale des fameux déchets radioactifs. Oui mais ce gramme est, par la nature du processus, hors de la biosphère, donc sans nuisance. À condition bien sûr de prévenir les accidents, ce que l’on sait faire. Alors que la tonne et demie de mazout se combine avec l’oxygène pour donner de l’ordre de trois fois plus, soit 4.5 tonnes de CO2, sans parler des polluants collatéraux, des dizaines de kg de NOx, CO ou SO2 par tonne de mazout. Le problème est que ce CO2 et ces polluants sont dilués dans la biosphère, dans l’air qu’on respire.
Quant aux diverses énergies renouvelables, si elles n’ont pas d’émissions directes dans l’atmosphère, elles ont deux handicaps en matière environnementale : d’une part elles nécessitent pour concentrer une énergie très diluée des quantités importantes de matières premières telles que béton, acier, cuivre, silicium, etc : ces quantités, ramenées au kWh produits sont beaucoup plus importantes qu’avec le nucléaire et le fossile. Exception l’hydraulique, avec laquelle la concentration des gouttes de pluie derrière un barrage est en grande partie faite par les pentes des montagnes, donc par la nature. Résultats : les bilans écologiques comparés des différents modes de production des kWh électriques montrent qu’au classement ce sont l’hydraulique et… le nucléaire, presque ex aequo, qui sortent en tête (annexe 1).
Autre impact sur l’environnement : les énergies de remplacement pour les (nombreuses) heures où le vent ne souffle pas et le soleil ne brille pas. Sur ce point la prise de conscience a déjà commencé, grâce à l’avance des Allemands : leur « Energiewende » booste le charbon et le gaz. On n’arrive plus à le cacher.
Et les déchets nucléaires?
On a juste oublié d’informer et aussi de mettre en perspective. En apparance, cette question pourrait être la bonne raison pour interdire le nucléaire. La réalité est que notre civilisation produit beaucoup de déchets toxiques qui ne sont ni recyclables, ni diluables, ni incinérables ou destructibles. Ils s’appellent déchets spéciaux. On en produits 100 fois plus que les déchets nucléaires, depuis beaucoup plus longtemps, depuis les débuts de l’industrialisation. Ordre de grandeur : 50 kg par habitant et par an en Suisse pour les déchets spéciaux contre 0.5 Kg pour les déchets nucléaires. Très longtemps ils n’ont pas été vraiment « gérés », on les déposait en décharges. Résultat : la Confédération a établi un inventaire de 38’000 sites contaminés en Suisse, dont 4’000 voient leur contamination se disperser hors des sites par les eaux de ruissellement et les nappes phréatiques. Pour les sceptiques, tout est sur : http://www.bafu.admin.ch/altlasten/index.html?lang=fr
Avec deux lieux emblématiques : la décharge de la chimie baloise à Bonfol JU et le mercure de la Lonza à Viège VS. À l’inverse les déchets nucléaires, qu’on ne produit que depuis seulement 40 ans, ont profité d’une gestion rigoureuse en profitant à la fois de l’esprit « protection de l’environnement » acquis dès leur apparition, de la volonté des exploitants de « tout faire, quelque soit le prix » pour ne pas avoir d’ennuis. Il faut aussi voir que même en « faisant tout », le coût reste modeste, parce que s’’il est élevé rapporté au gramme de matière traitée, il est très supportable rapporté au kWh , à peine 1 ct/kWh, grâce au fait déjà évoqué qu’on fait tellement de kWh avec très peu de matière. Cette gestion des déchets se fait en trois étapes 1) leur mise à l’écart systématique, 2) leur conditionnement rigoureux (emballages étanches et résistants aux agressions de toutes sortes, élimination des matières volatiles ou solubles) et 3) leur surveillance, active par l’homme ou passive par des couches géologiques, dont le temps de traversées. en cas de retour dans la biosphère serait plus long que le temps de leur désintégration radioactive. Même s’ils remontent en surface, il leur faudrait tellement de temps qu’ils seraient inertes.
Résultats : il n’y a pas en Suisse de sites contaminés par de la radioactivité, il n’y a pas de Bonfol ou de Lonza nucléaire. Il y a plus : si les déchets spéciaux avaient été gérés comme les déchets nucléaires, il n’y aurait simplement pas cet inventaire de 38’000 sites contaminés en Suisse.
Or le refrain habituel sur les déchets nucléaires est qu’ « il n’y a pas de solution ». Quelle réussite magistrale dans l’intoxication ! Les écologistes ont fondamentalement raison de défendre l’environnement. Mais s’ils veulent autre chose que des succès électoraux et du pouvoir, il faudra qu’ils osent analyser les réalités avec objectivité et lucidité, tout particulièrement les réalités environnementales.
À gauche il faudra aussi se poser des questions. Adhérer à la protection de l’environnement est en soi une bonne chose, mais suivre une idologie qui s’aveugle sur les réalités, ne sera pas viable longtemps. Celui qui a, au plus haut niveau de l’État, affirmé à plusieurs reprises haut et fort que « le nucléaire n’était pas convenable, parce qu’il n’y a pas de solution pour les déchets radioactifs » s’appelle Moritz Leuenberger : il était socialiste et ministre de l’énergie.
Doris leuthard et Roger Nordmann ont de qui tenir. À sa décharge : le silence déjà évoqué, des électriciens. Et aussi très peu d’investigation de la part des médias. Il y a des exceptions, je peux en citer. Honneur aux journalistes concernés.
Ecologie politique et dogmatique : triomphe définitif ou amorce d’un déclin ?
En se privant du nucléaire , on se prive donc d’une énergie abondante, bon marché, qui a de grosses réserves (quelques milliers d’années) réparties dans des zones géopolitiques, Canada et Australie, autrement plus rassurantes que la Russie pour le gaz et le moyen Orient pour le pétrole. D’une énergie dont on sait maîtriser les risques. D’une énergie enfin , cerise sur le gâteau, qui a sensiblement moins d’impact sur l’environnement (on parle même d’impact zéro) que beaucoup d’autres énergies. Dans une époque où on voit naître une préoccupation grandissante pour la menace que pourrait faire peser sur la planète l’addition d’une trop grande population et d’un niveau de vie trop élevé (voir Ecopop), qui conduit certains à envisager de restreindre politiquement et par la contrainte s’il le faut, l’amélioration, voire le simple maintien de notre niveau de vie, dans une telle époque donc, se priver d’une énergie aussi favorable, autant sur le plan économique qu’écologique, est vraiment incohérent. Et l’incohérence se paie, si pas comptant, au moins à terme, lorsque cette incohérence va être en butte à des difficultés économiques et environnementales réelles. Les écologistes ont peut-être commis la faute de trop.
Ou alors on n’a peut-être rien compris à leur stratégie. Ce qui les dérange le plus dans le nucléaire pourrait être les qualités du nucléaire : abondant, bon marché, très peu d’impact sur l’environnement, sécurité maîtrisable et maîtrisée si des nomes strictes sont appliquées. Mais pourquoi donc des qualités, ces qualités, les dérangeraient ? Parce qu’une énergie qui pourrait contribuer à résoudre une bonne partie des problèmes énergétiques de l’humanité les priverait de leur fonds de commerce. En effet comment faire des cotisations et des voix avec le discours catastrophiste qui est le leur, si la catastrophe perd sa crédibilité ? En plus l’opposition au nucléaire est identitaire chez beaucoup de Vets et d’ONG affiliées. Et il y a aussi ce soupçon que la nature prime sur l’homme, qui serait d’abord un prédateur. D’où leur goùt pour le concept d’abstinence, de décroissance et de tous les sacrifices que l’homme doit s’imposer. Dans cette vision, une énergie « sans » problème » c’est l’horreur. Alors évidemment on ne va pas le dire en clair. On va dire que le nucléaire c’est Hiroshima ou Fukushima. Et tous les spécialistes sont tombés dans le piège. On a voulu expliquer les accidents et les déchets. Et plus on expliquait, plus on renforçait l’impression que « effectivement ça a l’air grave ».
Jusqu’à présent on avait mis en application les idées de l’écologie avec prudence et équilibre. Mais il y a en germe dans l’écologie politique, chez beaucoup de ses leaders et dans leurs thèses (je ne parle pas du militant de base ou du citoyen soucieux de protection de l’environnement), une bonne dose d’intégrisme et de fanatisme qui est au détriment de l’homme et de son aspiration à un développement harmonieux. Certes on ne veut pas d’un développement non-durable, mais on veut encore moins d’un sous-développement durable, auquel leur vision du développement durable ressemble beaucoup.
La crainte d’une écologie qui va trop loin émerge. Elle, n’est pas nouvelle. Le journaliste Claude Monnier, bien connu pour la qualité de ses analyses, fondateur du « Temps stratégique », avait déjà tout dit dans une chronique de 1983, dans la Suisse, dont le titre était « L’écologie, une bonne intuition qui a mal tourné » (annexe 2).
À la même époque, le rédacteur du journal des enseignants, Rudy Grob, avait écrit : « … n’est pas scientifique une stratégie qui joue de la peur des hommes pour écarter les connaissances et forcer les décisions… »
Des questions essentielles n’ont pas été soulevées.
Elles sont nombreuse, liées d’abord au fait qu’on ne connaît pas le programme, donc pas les coûts de la SE 2050. Adèle Thorens regrettait l’absence d’un calendrier défini pour l’arrêt des centrales nucléaires. Elle avait une certaine logique pour elle avec cette question. Mais pourquoi ni elle, ni ses coalisés, n’ont-ils pas demandé, dans la même logique, un calendrier pour la mise en service des diverses infrastructures supposées remplacer les centrales nucléaires, et, avec le calendrier, une prévisions des coûts ?
On ne connaît pas non plus le deuxième paquet, annoncé, supposé résoudre les questions de financement pas encore résolues et désigné du terme de « fiscalité écologique ».
On a bien évoqué la question de la cohérence entre une position « nucléaire = Fukushima n’importe quand » et un prolongement long voire indéterminé des centrales actuelles ? Si c’est si dangereux, pourquoi ne pas fermer sans délai ?
Mais on n’a pas évoqué une autre question de simple bon sens, avec pourtant une portée morale et éthique bienplus considérable : celle de savoir si notre génération a le droit de s’accorder de profiter des centrales actuelles en les prolongeant, mais en interdisant de nouvelles, peut-être encore plus sûre, à nos enfants ? Mais oui, il s’agit bien de cela. L’interdiction proposée n’est pas pour notre génération, mais pour nos enfants, dont beaucoup n’ont pas encore le droit de vote.
Les partisans proclamés du développement durable évoquent à son égard le principe sacro-saint de « solidarité intergénérationnelle ». L’interdiction du nucléaire qu’ils ont proposée est une vraie «faute intergénérationnelle ».
L’espoir n’est pas perdu
Ce débat sur la sortie du nucléaire a aussi mis en évidence des éléments positifs et d’espoir. J’en évoque trois :
1) si la majorité a été claire sur les votes essentiels, elle n’a pas été écrasante. Il y a en gros un parti et la moitié d’un autre, plus quelques personnalités libres qui ont réussi à résister avec calme, avec des arguments solides et à ne pas se laisser emporter par le mainstream. Ils ont été présents et écoutés. Soyons leur reconnaissants.
2) les associations de l’économie qui représentent les grandes entreprises du pays et 2 millions d’emplois, à savoir Economiesuisse, Swissmem, Sciencesindustries, HEV-Schweiz et Routesuisse ont envoyé à tous les parlementaires du CN une lettre très claire , un peu style appel du 18 juin, déclarant : « Attention casse-cou : cette Stratégie Énergétique nous mène dans le mur »
3) de nombreux scientifiques, qu’on ne voit d’habitude jamais sur les barricades, ont exprimé, avec des moyens de communication limités des signaux d’alarme très forts, étayés par des arguments et des analyses solides. Leur message, en substance : cette stratégie énergétique est en contradiction avec des réalités physiques et économiques élémentaires.
On a pu très longtemps parler du nucléaire comme d’une affaire Dreyfus, mais sans Zola. Le débat a suscité beaucoup de Zola. Il manque encore l’effet Zola.
Il reste enfin au Conseil des États de jouer le 2e round, et aux avertissements évoqués de faire leur chemin dans les esprits.
L’effet Zola peut se déclencher n’importe quand.
Jean-François Dupont, ClubEnergie2051, le 12 décembre 2014
Annexe 1: Annexe 1 Bilan débats CN bilans écologiques prof Wokaun PSI-SATW 30-09-04
Annexe 2 : Annexe 2 Bilans débats CN Claude Monnier Ecologie Bonne intuition qui La Suisse 4-04-83
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