La politique ne devrait jamais condamner une technologie

« Il nous faut admettre que l’État, au plus haut niveau décisionnel, est incapable d’avoir une vision globale de la question énergétique en général et de la question du nucléaire en particulier. Cette incapacité résulte de l’illusion de savoir quand on ne fait qu’effleurer, qui rend nos décideurs incapables de bénéficier d’analyses scientifiques et techniques dont ils ne ressentent pas même le besoin. »

Ces propos, très sévères, mais lucides, sont ceux d’Yves Bréchet, membre de l’Académie des sciences française. Il les adresse au gouvernement français qui vient de décider d’arrêter le programme ASTRID de recherche sur les réacteurs surgénérateurs.

Fulvio Pelli, président du PLR suisse avait déclaré, dans un débat peu après les évènements de Fukushima « La politique ne doit pas interdire une technologie ».

Le ClubEnergie2951 s’est exprimé à plusieurs reprises contre les interdictions aveugles de technologies. Voir en particulier :

https://clubenergie2051.ch/2014/12/12/nucleaire-une-interdiction-non-justifiee-et-penalisante/

https://clubenergie2051.ch/2016/10/24/nucleaire-une-utilisation-intelligente-vaut-mieux-quune-interdiction-aveugle/

Yves Bréchet explique l’importance de la surgénération pour ce qui est désigné dans le jargon professionnel par le terme : « fermeture du cycle du combustible ». De quoi s’agit-il ? En bref : le combustible nucléaire irradié qui sort des réacteurs actuels contient entre autres du Plutonium et de l’Uranium appauvri en quantités importantes. Fermer le cycle consiste à transformer ces deux éléments en énergie. Au lieu d’en faire des déchets. Outre l’avantage en terme de réduction du volume des déchets, cela permet d’extraire environ 60 fois plus d’énergie de la même quantité de minerai d’uranium naturel. Le gouvernement français de Lionel Jospin avait déjà porté un coup très grave à la filière en fermant le prototype de surgénérateur de Creys-Malville (voir : https://www.contrepoints.org/2015/09/09/221198-larret-de-superphenix-fut-un-desastre-humain ). Cependant, grâce au projet Astrid, la France poursuivait une recherche long terme sur la surgénération. Jusqu’au 30 août dernier où le CEA annonçait l’arrêt du programme ASTRID.

Sur cet arrêt et sur les enjeux derrière ASTRID, lire l’analyse de Yves Bréchet dans cet article https://revue-progressistes.org/2019/09/22/larret-du-programme-astrid-une-etude-de-cas-de-disparition-de-letat-stratege/

Enfin signalons que Yves Bréchet s’est exprimé à plusieurs reprise sur le rôle de l’analyse scientifique en politique lorsqu’il y a des enjeux techniques. Il a en particulier donné une conférence remarquable sur comment devrait fonctionner la relation décideur – expert, illustrée de nombreux exemples concrets et réels ou cette relation dérape : Disqualifier l’expertise un risque grave Y. Brechet Acd sc morales et politiques 28-11-2011

 

jfd / 9-10-2019

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