Un postulat a été déposé le 26.09.2007 par le Conseiller national André Reymond au Parlement qui demandait à la Confédération d’établir un catalogue des mesures permettant de réduire les émissions de CO2.

Le postulat demandait aussi que chaque mesure soit évaluée avec deux chiffres :
- le coût de la tonne de CO2 économisée
- le potentiel de réduction des émissions globales de CO2 de la Suisse si la mesure est généralisée.
L’utilité d’un tel catalogue est évidente. La réduction effective du CO2 ne se fera par des incantations ou des vœux pieux, mais par des mesures techniques concrètes qu’il s’agit de bien définir et bien choisir.
Les multiples conférences dites COP qui ont suivi l’accord de Paris sur le climat visaient à se mettre d’accord sur les mesures à prendre, les accords de Paris se limitant à définir des objectifs de réduction des émissions de CO2. Chaque COP s’est pratiquement terminée par l’échec quant à définir les mesures à prendre. Un catalogue aurait été un préalable utile. Personne ne l’a pourtant demandé, même les activistes du climat les plus turbulents.
Aujourd’hui, à la veille du vote sur une nouvelle taxe CO2, on peut constater combien ce catalogue serait utile. Il indiquerait quelle efficacité attendre de la taxe CO2 : on verrait quelles mesures techniques pourraient être favorisées par l’effet incitatif de la taxe et quels pourraient être les réductions à espérer. Le catalogue serait aussi utile pour évaluer le bon usage possible du fond de financement que va alimenter la taxe. On pourrait en particulier évaluer quelle réduction effective des émissions pourrait réaliser ce fond, et si le coût (énorme) en vaut la chandelle.
Contre toute attente, ce postulat à la fois utile, pragmatique, et politiquement neutre, a été refusé par le Conseil national le 16.01.2008 sur recommandation de la Confédération : https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20073592
On n’a pas entendu le moindre regret, ni de la part des nombreux parlementaires et ni des citoyens dans la rue qui trépignent et réclament de manière incantatoire :
« …mais faites quelque chose pour le climat, n’importe quoi, mais quelque chose… ».
Ce qui reste : l’impression que le climat est à l’origine d’une vaste hypocrisie de la part d’une foule de donneurs de leçons qui ont chacun leur objectif personnel en tête, mais dont aucun ne souhaite réellement une analyse objective et scientifique des causes et des remèdes.
Reste la question : mais pourquoi le CF n’a-t-il pas voulu de ce catalogue ? On peut faire deux hypothèses.
- Le catalogue aurait montré qu’aujourd’hui il n’y a que peu de mesures susceptibles de réduire drastiquement les émissions de CO2. La voiture électrique ou le chauffage au sol par pompes à chaleur sont chers, plus chers que la taxe, et donc réservés à une minorité aisée. Cela traduit une réalité : on ne dispose pas encore de solutions de rechange en masse et bon marché pour remplacer le pétrole ou le Gaz.
- Les mesures ayant le rapport coût- bénéfice le plus favorable, feraient appel au nucléaire. Par ex. chauffer toute la ville de Berne par chauffage à distance alimenté par une centrale de Mühleberg dont on réduirait la pression et la température. Ou chauffer Baden, le Limattal et Zürich par les centrales de Beznau et Leibstadt.
Il ne fallait pas que ces réalités soient visibles.
Cela ne veut pas dire que réduire l’usage des fossiles ne soit pas une bonne idée. Mais on n’a pas encore les développements technologiques utiles et bon marché. Cela va coûter très cher, surtout aux moins favorisés.
JFD / 7.06.2021
Sur Les Observateurs: https://lesobservateurs.ch/2021/06/08/mais-pourquoi-la-confederation-na-t-elle-pas-voulu-etablir-un-catalogue-des-mesures-de-techniques-energetiques-qui-peuvent-reduire-les-emissions-de-co2/
Merci également pour l’hypothèse No 1 … en regard du véritable mélange entre souhaits de certains et réalités, durant donc plus de douze ans maintenant.
On le sait: pour réduire les émissions de CO2 il faut arrêter de brûler du pétrole, du gaz ou du charbon. Ce qui est moins connu: si les activistes du climat réussissent, comme ils en rêvent, à faire déclarer l’état d’urgence, à accorder les pleins pouvoirs à l’État et que celui-ci décide une interdiction générale de brûler des agents fossiles alors tout s’arrête: nos chauffages, nos lumières, nos voitures, nos machines outils, nos industries. nos services… Ce serait bien pire que la pire des catastrophes climatiques brandie par les acivistes du climat pour exiger l’état d’urgence.
On y arrivera un jour en réalisant encore quelques développements technologiques, notamment du côté de l’hydrogène et d’autres fuels synthétique. Cela prendra du temps, et on en a. C’est ce que disait récemment Christophe Reymond, directeur du Centre Patronal VD: « il faut des innovations, pas des taxes »……
Merci à Jean-François Dupont de nous rappeler cette hypothèse numéro 2, occultée aussi aujourd’hui dans l’argumentaire pour un oui à la loi sur le CO2…