Le projet de loi appelé Stratégie énergétique 2050 sur lequel nous nous prononcerons le 21 mai n’est ni un tournant énergétique, ni une réforme énergétique, mais plutôt un cul-de-sac énergétique, voire une tragédie énergétique…
Une trentaine d’organisations et d’institutions soutiennent le référendum à son encontre. Nous reprenons ici la position de l’une d’entre elles, Alliance Énergie qui poursuit ainsi sa campagne pour le NON le 21 mai.
À lire :
- Les sept contes du tournant énergétique
- Ne menaçons pas notre approvisionnement énergétique libéral, sûr et avantageux !
La nouvelle loi sur l’énergie coûte une fortune ; elle fixe des objectifs inattei-gnables et place les citoyens sous une tutelle étatique d’une sévérité inconnue jusque-là. Elle ne résout pas les problèmes actuels de l’approvisionnement électrique, mais au contraire les aggrave et elle menace la sécurité de l’appro-visionnement.
La Suisse bénéficie aujourd’hui d’un approvisionnement énergétique excellent. Connue également sous le nom de Stratégie énergétique 2050, la nouvelle loi sur l’énergie provo-querait un bouleversement de ce système avec des conséquences extrêmement graves.
Coût de l’opération : 200 000 000 000 de francs !
Les dépenses pour l’électricité augmenteraient massivement. Les subventions que la Confédération verse à la production électrique solaire et éolienne se montent actuelle- ment à 800 millions de francs par an ; elles passeraient à 1200 millions en cas d’acceptation de la loi sur l’énergie. Ces coûts, les consommateurs d’électricité les paye- raient via leur facture d’électricité. Si la loi sur l’énergie reçoit l’aval du Peuple, les politiciens pourront augmenter ces charges pour réaliser les objectifs démesurés qu’ils ont eux- mêmes inscrits dans la loi. Il est notamment prévu de construire 1000 éoliennes d’une hauteur de 200 m – soit presque trois fois la hauteur de la tour de la cathédrale St-Nicolas de Fribourg. Nos beaux paysages seraient défigurés.
Le coût global de la transformation se monte à 200 milliards de francs selon le Conseil fédéral. Cela fait, selon un calcul honnête, 600 francs par personne et par an durant trente années, soit le prix de 10 tunnels NLFA.
Une consommation d’énergie comme il y a 50 ans…
La loi sur l’énergie nous forcerait de baisser drastiquement notre consommation d’énergie. Pourtant, la Suisse est aujourd’hui déjà le pays industrialisé qui affiche la meilleure effica- cité énergétique du monde ! La loi exige que nous réduisions notre consommation énergé- tique de presque la moitié (alors que la population ne cesse de croître), ce qui équivaut à revenir à la consommation des années soixante…
La loi ne dit pas comment nous devons atteindre ces objectifs. Si elle est acceptée, les politiciens pourront décider sans demander l’avis du Peuple. Il est évident qu’il faut s’attendre à des prescriptions restrictives et à des taxes et redevances sans fin. L’État interviendrait massivement dans la sphère privée des gens. Il est, par exemple, prévu d’interdire les nouveaux chauffages au mazout. Des prescriptions sévères sur les bâtiments augmenteraient sensiblement le coût du logement. S’il en va selon les Verts, les déplacements en voiture ou en avion seraient restreints par des impôts dissuasifs sur les carburants.
La sécurité de l’approvisionnement serait sérieusement menacée. Trop irrégulière, la pro- duction solaire et éolienne ne peut pas couvrir notre demande en électricité, car le soleil et le vent n’obéissent pas à la demande énergétique, mais à l’heure de la journée et à la météo. Pour équilibrer cette production irrégulière, il faudrait réaliser des stockages im- menses qui n’existent pas aujourd’hui, qui coûtent des sommes énormes et pour lesquels personne ne veut investir. Des blackouts sur tout le territoire menaceraient en hiver, car les besoins en électricité sont les plus grands durant la saison froide, justement quand le photovoltaïque et l’éolien produisent bien moins qu’en été, voire presque rien. Nos voisins, eux aussi occupés à transformer leur approvisionnement, ne pourront plus nous livrer de l’électricité. La Suisse devrait construire des usines électriques à gaz que le Conseil fédéral a annoncées autrefois, mais qu’il passe sous silence aujourd’hui. Bien entendu, ces usines à gaz ou des importations d’électricité « sale », car produite par des centrales allemandes au charbon, augmenteraient les émissions de CO2 du Pays… La loi sur l’énergie menace notre approvisionnement électrique et tout ce qui en dépend, sans nous apporter les avantages qu’on nous promet haut et fort, mais sans argument sérieux à l’appui.
L’alternative
Lorsque l’on décide d’un plan ou d’une stratégie, il faut commencer par préciser le problè- me que l’on entend résoudre. Des problèmes, les entreprises assurant notre approvision-nement électrique en ont bien assez actuellement. Elles sont menacées de faillite et d’éta-tisation. Les prix sur le marché de l’électricité sont bas alors que les prix à la consomma- tion sont élevés. La cause en est une politique européenne du tournant énergétique qui consiste à privilégier radicalement les énergies renouvelables en multipliant les interven- tions de l’État, ce qui provoque une forte sur-règlementation. Et en hiver, nous dépendons de plus en plus d’importations d’électricité. La loi sur l’énergie ne résout aucun de ces problèmes, mais les aggrave au contraire.
La mode actuelle veut que cette transformation totale de notre approvisionnement éner- gétique soit présentée comme n’ayant pas d’alternative. C’est là une attitude insensée et démagogique. La solution du vrai problème de l’approvisionnement électrique se présente comme suit : refuser la loi sur l’énergie pour éviter des dommages supplémentaires et don- ner immédiatement au Conseil fédéral le mandat de prendre des mesures temporaires ur- gentes, notamment en faveur de la force hydraulique afin de sauver pour le bien de tous notre production électrique indigène, fiable et exempte d’émissions de CO2.
Parallèlement – et ce n’est pas une contradiction – le législateur doit se retirer progressi-vement de l’approvisionnement énergétique afin que le marché de l’électricité, qui n’existe plus en réalité aujourd’hui, puisse s’assainir et que les forces du marché, dont notre Pays a toujours tiré sa prospérité, puissent à nouveau se développer.
Celles et ceux qui veulent sauvegarder notre approvisionnement énergétique libéral, sûr et avantageux votent donc NON le 21 mai prochain.
Lukas Weber