Il paraît, selon le Conseil fédéral, que la Stratégie énergétique 2050 ne coûterait que 40 franc de plus par an et par ménage de 4 personnes consommant 5’000 kWh par an.
Puisqu’il s’agit en fait d’une simple augmentation-salami de la RPC de 0,8 ct, soit de 1,5 à 2,3 ct par kWh consommé, avec ces 2,3 ct le coût annuel final à payer sera bien de 115 francs par an et par ménage pour alimenter la caisse RPC. Cela ferait 230 millions par an, puis 1,15 milliards cumulés d’ici à 2022, puis 4,14 milliards cumulés d’ici à 2035, puis, théoriquement, 7,59 milliards cumulés d’ici à 2050, si la ponction continuait jusque là ; mais on nous promet qu’elle cessera bien avant ; voire !
Qu’allons-nous recevoir d’intéressant contre ce financement ?
Pas grand-chose, probablement ! Car installer, d’une part, 800 éoliennes de 3 MW, soit 2,4 GW, à un prix d’achat de 3 millions pièce, soit 2,4 milliards (c’est seulement le prix d’achat des machines, donc sans les travaux et les coûts d’installation, ni la TVA !) et, d’autre part, 70 km2, ou 12 GW-crête, de modules photovoltaïques, à un prix d’achat de 1’000 francs le kW-crête, soit 12 milliards (même remarque que ci-dessus !) va bien coûter entre 25 et 35 milliards pour leur mise en route. Cela pour arriver à une production annuelle promise de quelque 15 TWh, si tout va bien (soleil et vents favorables). Ces dépenses seront à assumer par des financeurs encore à trouver, donc de futurs et encore hypothétiques généreux donateurs qui, en retour, pour être dédommagés, se partageront les quelques centaines de millions encaissés chaque année au titre de la RPC. Il faut ajouter à cela que la durée de vie de ces installations étant de 20 à 30 ans, tout ce parc devra être fait ou refait d’une façon ou d’une autre bien avant 2050 si l’on veut atteindre ces buts (les fameuses « valeurs indicatives » absolument non contraignantes du Parlement, contre l’avis du Conseil fédéral qui voulait des valeurs cibles) cette année-là.
On va montrer ici qu’on peut mieux investir 40 francs par an et par ménage.
En effet l’électricité d’origine nucléaire actuellement produite en Suisse (~24 TWh/an) consomme ~72 tonnes de combustible par an, dont 4% sont constitués de 3 tonnes d’uranium 235 fissile qui sont justement la quantité fissionnée chaque année dans les réacteurs. Le coût annuel du combustible est de quelque 120 millions, soit un coût du combustible de ~0,5 centime en moyenne par kWh produit. Cela fera une dépense de 6 milliards en 50 ans pour avoir produit, en contre-partie, en tout ~1’200 TWh, qui, vendus à ~10 ct/kWh (c-à-d. uniquement la part « énergie » de votre complexe facture d’électricité !), feront un joli magot de 120 milliards, ou 2,4 milliards par an, une paille !
On peut aussi donner le coût spécifique du combustible nucléaire qui est de 40 francs par gramme d’uranium 235 ou par 25 grammes de combustible. On calcule aussi que l’on peut produire 8’000 kWh avec ce même unique gramme d’uranium 235, ou avec ces mêmes 25 grammes de combustible, soit un dé à coudre de 2,3 cm3 de matière, cela pour 40 francs de matière. En comparaison, il faudrait 1,9 tonne de fioul (à un prix de peut-être 75 francs les 100 L, soit ~1’700 francs) ou 2’300 m3 de gaz (à 7 ct le kWh thermique, soit ~1’600 francs) pour en produire autant avec des centrales thermiques…
Qui dit mieux pour bien placer ses billes, pardon ! ses 40 francs par an ?
Christophe de Reyff
Excellents calculs ! Néanmoins dans ces calculs il faut ajouter (plutôt SOUSTRAIRE des coûts) les frais de maintenance des centrales actuelles, les frais de gestion des déchet nucléaires durant ces années-là, les frais effectifs de démantèlement de centrales obsolètes et (dans l’alternative du maintien du nucléaire) les frais de constructions de nouvelles centrales !
Cela fait beaucoup de coûts additionnels dont il n’est pas tenu compte dans ces calculs. Et que l’honnêteté intellectuelle MINIMALE exige d’intégrer !!! J’attends donc les correctifs nécessaires, svpl.
JL Dreyer
Bien volontiers ! Mais, ici, il s’agissait uniquement de comparer ce qui est comparable, en l’occurrence les coûts des nécessaires combustibles à mettre en oeuvre !
Pour toutes les technologies, il faut aussi tenir compte des durées de vie, des coûts de construction et de démantèlement, et, pour ce qui est des centrales à agents fossiles, en plus des coûts du combustible, des émissions de CO2 (à combien la tonne ?) et des pollutions environnementales…
Venons-en aux chiffres spécifiques pour le nucléaire : la structure de coût de production du kWh nucléaire est la suivante pour une centrale typique, comme Gösgen (chiffres de 2015 : production brute de 8,399 TWh, production nette de 7,971 TWh = 7,971 milliards de kWh = 7’971 millions de kWh, pour des coûts annuels totaux de 408,2 millions CHF, soit un coût de production nette spécifique de 5,12 ct/kWh) :
Frais d’exploitation…..41,1%……167,7 MCHF…….2,10 ct/kWh
Combustible………………8,5%…….34,7 MCHF……0,44 ct/kWh
Gestion des déchets….26,1%……106,5 MCHF…….1,34 ct/kWh
Désaffectation……………7,3%…….29,8 MCHF…….0,37 ct/kWh
Amortissement…………10,6%…….43,3 MCHF……0,54 ct/kWh
Résultats financier………6,4%……26,1 MCHF…….0,33 ct/kWh
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Total………………………100,0%……408,2 MCHF……5,12 ct/kWh
On calcule facilement que, pris ensemble, les montants pour la gestion des déchets et pour la désaffectation donneront quelque 20,5 milliards en 50 ans, cela pour ~1’200 TWh produits. Ces montants sont provisionnés chaque année par toutes les centrales nucléaires suisses sur deux fonds dédiés à ces deux futures tâches et gérés par la Confédération.